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Coronavirus: un déconfinement presque total au Québec

Horacio Arruda
Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda Photo: Josie Desmarais/Métro

Québec procède au déconfinement de tous les secteurs, à l’exception des grands événements, des camps de vacances et des sports de combat. Mais le gouvernement Legault n’écarte pas de faire marche arrière si les mesures sanitaires en vigueur ne sont pas respectées.

Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, a fait cette «bonne nouvelle» jeudi après-midi lors d’une conférence de presse tenue au Centre St-Pierre, à Montréal. Il s’agit ainsi d’une étape décisive dans la réouverture progressive de la société québécoise en cours depuis maintenant plusieurs semaines.

«On n’a pas constaté d’effets majeurs sur la courbe, malgré le déconfinement», s’est réjoui M. Arruda. Jeudi, la Santé publique a rapporté sept nouveaux décès reliés au coronavirus pour un total de 5448 survenus dans la province depuis le début de la pandémie.

Cette annonce implique notamment que les bars, les casinos, les parcs aquatiques et d’attraction, les spas et les établissements d’hébergement touristiques peuvent rouvrir dès aujourd’hui. Il ne s’agira toutefois pas d’un retour à la normale dans ces secteurs, où la règle du deux mètres devra être respectée.

Déconfinement contrôlé

Ainsi, les bars appliqueront les mêmes règles que les restaurants. Il sera donc impossible d’aller dans un bar pour danser. Les clients ne provenant pas de la même famille devront demeurer assis en respectant la distanciation physique. Il sera aussi impossible de prendre un verre en restant debout, ce qui peut inciter à se «promener» d’une table à l’autre, a indiqué M. Arruda.

Les auberges, pour leur part, devront bloquer l’accès à leur cuisine commune. Une limite de 10 personnes de trois foyers s’appliquera aussi aux dortoirs.

Parmi l’ensemble des secteurs de la province, seuls les grands événements, comme les festivals, de même que les sports de combat et les camps de vacances réguliers avec séjour ne pourront reprendre leurs activités. Une situation que la Santé publique justifie par le fait que le respect de la distanciation physique apparaît impossible dans ces milieux.

«Il ne faudrait pas que le confinement ait plus d’impacts que la maladie. Mais soyez sûrs que si on voit une nouvelle flambée, on n’hésitera pas à confiner à nouveau.» -Horacio Arruda, directeur national de la santé publique

Deuxième vague

S’il salue les efforts faits par les Québécois dans les derniers mois pour respecter les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement Legault, le Dr Arruda se dit toutefois «extrêmement préoccupé» devant le constat que plusieurs Québécois ne respectent pas les règles de distanciation physique dans le contexte du déconfinement.

«C’est important qu’on développe ce réflexe-là parce que je suis convaincu qu’il y aura une deuxième vague. Alors je dis, profitons de l’été, mais en tenant compte des mesures de distanciation sociale», a-t-il dit.

Or, peut-on vraiment s’attendre à ce que les Québécois respectent les règles de distanciation physique dans les bars?  L’expert en virologie à l’UQAM, Benoit Barbeau, en doute.

«Il est certain que peu importe les mesures appliquées, les bars seront sûrement un environnement qui donnera une chance au virus de se répandre et de se propager», prévient-il. D’où l’importance, selon lui, d’augmenter la fréquence des tests de dépistage, qui demeure sous la cible de 14 000 tests quotidiens que s’est fixée le gouvernement Legault il y a près de deux mois.

«Je ne veux pas m’avancer sur des chiffres qu’on ne sera pas capables d’atteindre», a laissé tomber le Dr Arruda. Ce dernier a toutefois ajouté que la Santé publique aura une approche plus «proactive» cet été en matière de dépistage afin de «rejoindre plus de personnes».

D’autre part, M. Arruda a également justifié la décision de Québec de ne présenter désormais qu’un bilan par semaine de l’évolution de la crise du coronavirus. «En raison de la baisse du nombre de cas, pour avoir un bon portrait de la situation, ça prend un peu plus de temps», a-t-il affirmé.

«Ça, c’est catastrophique, tant en matière de transparence que pour la recherche et pour contenir la propagation du virus», réplique la professeure Roxane Borgès Da Silva, qui enseigne à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, qui craint que cela ne contribue à «un certain laisser aller dans la population».

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