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Mais encore… être plus riche que ses parents, un rêve inaccessible?

Un enfant monte des boîtes représentant la mobilité sociale.
Photo: Volodimir Kalina/123rf.com

Alors que les inégalités de revenus continuent d’augmenter, il est de plus en plus difficile pour un jeune adulte canadien de devenir plus riche que ses parents, selon une nouvelle étude.

Les résultats de l’étude menée par le chercheur David Lapierre, ainsi que les professeures du Département des sciences économiques de l’UQAM Marie Connolly et Catherine Haeck, révèlent que la mobilité sociale intergénérationnelle s’affaiblit au Canada.

Pour mesurer la mobilité intergénérationnelle du revenu au pays, les chercheurs ont mesuré le niveau de revenu de cinq cohortes de Canadiens, nés entre 1963 et 1985, en le comparant à celui de leurs parents.

Affaiblissement de la mobilité

Selon leurs calculs, la relation entre le rang des enfants dans la répartition du revenu et celui de leurs parents se renforce au fil du temps dans les cinq cohortes, indique Marie Connolly.

Concrètement, cela signifie qu’un enfant né dans une famille moins nantie a de moins en moins de chances de se soulever dans les classes plus aisées à l’âge adulte. À l’inverse, un enfant aisé le restera probablement toute sa vie.

«Le pourcentage de jeunes nés dans les années 60 qui avaient le plus de chance de rester dans le quintile de revenu inférieur était d’environ 27%. Mais ce pourcentage est passé de 27% à 33% pour la cohorte la plus récente», explique Mme Connolly.

Si l’affaiblissement de la mobilité de rang s’observe dans l’ensemble des provinces du pays, elle se fait «à différents degrés», précise la professeure. En effet, la proportion est moins grande au Québec ainsi que dans les provinces atlantiques, au contraire de la Saskatchewan.

De nouvelles données attendues

Pour mener leur recherche, Marie Connolly et Catherine Haeck ont obtenu un appui financier du Fonds de recherche du Québec Société et culture (FRQSC), dans le cadre d’un programme d’action concertée visant à soutenir des projets de recherche sur la pauvreté et l’exclusion sociale.

Jusqu’à tout récemment, il n’était pas possible de comparer la mobilité intergénérationnelle du revenu des différentes cohortes de naissance au Canada puisque seulement les données sur le revenu des jeunes nés entre 1963 et 1970 étaient disponibles.

«Cela ne nous permettait pas d’avancer dans le futur et de regarder les gens nés dans les années 70 et 80», poursuit Marie Connolly.

Or, de nouvelles cohortes de personnes nées entre 1972 et 1985 ont été ajoutées à la Base de données sur la mobilité intergénérationnelle du revenu (BDMIR) de Statistique Canada.

Les données pour les personnes nées après 1985 ne sont pas encore disponibles. Cela comprendrait les milléniaux, qui ont commencé à intégrer le marché du travail il y a une quinzaine d’années. Diverses études et reportages récents ont souligné l’augmentation du travail précaire dans cette génération, une problématique que leurs parents n’ont pas forcément connue.

Corrélation entre inégalités de revenu et mobilité

Qu’est-ce qui prédispose certains jeunes à ne pas pouvoir accéder à un meilleur revenu que ses parents?

Sans établir de lien de cause à effet, les professeures remarquent une corrélation entre l’accroissement des inégalités du revenu et la faible mobilité sociale.

«Toutefois, il y a quand même une raison pour laquelle on s’attend à ce qu’il y ait un lien entre les inégalités et la transmission intergénérationnelle du revenu», affirme Marie Connolly.

Si on illustre la distribution des revenus comme une échelle, une inégalité croissante signifierait que les barreaux de l’échelle sont de plus en plus éloignés les uns des autres, explique-t-elle.

«La mobilité, c’est d’être capable de passer d’un barreau à l’autre. Si les barreaux deviennent très élevés, c’est aussi logique de penser que ça va être plus difficile de passer d’un échelon à l’autre. Mais le lien de cause à effet n’est pas documenté. Ce qu’on met en lumière, c’est vraiment l’évolution parallèle de ces deux choses-là», ajoute la professeure.

La recherche se poursuit

Les chercheurs poursuivent leur recherche dans le but de mieux comprendre les mécanismes derrière cet affaiblissement de la mobilité intergénérationnelle.

«Par exemple, on veut aller chercher des informations sur les niveaux d’éducation, sur les statuts d’immigrant ou les professions des parents pour essayer d’aller creuser davantage», précise Marie Connolly, qui est encore en train de développer des données.

Elle veut ensuite trouver des pistes de solutions favorisant la mobilité intergénérationnelle, notamment par le biais de politiques publiques.

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