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Vite, un gouvernement mondial

Photo du chroniqueur Frédéric Bérard avec titre de sa chronique, In libro veritas
Photo: Métro

CHRONIQUE – L’humain est, à charge de redite, une sacrée bibitte. Le nez collé sur la vitre, rarement capable de recul, encore moins de perspectives. Pas sans raison qu’une pandémie et ses 4,4 millions de morts demeure, pour un pourcentage éhonté de la population, une arnaque programmée. Pas sans raison que se reproduisent, dans l’indifférence complète, les horreurs style camp de concentration, cette fois sauce ouïghours. Pas sans raison que chaque rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat («GEIC») attire, même chez nombre de brillants, une déviation du regard. Trop souffrant.

Freakant. Démoralisant. A fortiori pour les auteurs d’une progéniture sur le point de payer pour nos bêtises collectives.

La présente campagne électorale fédérale met en relief, si besoin était, notre incapacité à discuter, sinon affronter, une bête de moins en moins destructible, merci à nos aveuglements volontaires. Sachant que le Canada bouffe en quelques mois sa portion de ressources annuelles disponibles, qu’il faudrait environ 4,7 planètes Terre pour soutenir le rythme canadien et que le gouvernement Trudeau subventionne davantage (l’indigente) industrie pétrolière que ne le faisait Darth Vader Harper, voilà qui, sans surprendre, l’a fout mal. Très mal.

De revoir ce pathétique film, lequel joue en boucle depuis nos enfances, témoigne chaque année davantage de l’absence de solutions porteuses aux problèmes en cause.

Qui croit, sans se moquer, à l’efficacité de mesures unilatérales à des enjeux multi? Qui peut, sans s’étouffer, plaider à l’épiphanie prochaine chez nos leaders? Qui pense, sans crever de rire, que les États-destructeurs-de-Planète-ayant-à-leur-tête-des-fachos-à-la-Bolsonaro-foutant-le -feu-aux-poumons-planétaires en viendront à se soumettre aux diktats de la raison et de la bonne foi?

Alors quoi? On s’enterre immédiatement, à grands coups de pelle dans face? Une idée. Pas mauvaise, par ailleurs. Reste peut-être, cela dit, un truc non encore tenté, systématiquement ridiculisé, honni chez tout esprit dit « pragmatique ». Celui du gouvernement mondial. De quoi faire peur ou rire, je sais bien.

L’idée n’est pas nouvelle. Dès 1903, H.G. Wells balance un pavé dans la marre du convenu avec son Nouvel ordre mondial. La révolution mondiale défendue par Trotski s’en inspire, en un sens. Trois décennies plus tard, Clarence Streit pousse le bouchon davantage avec Union ou chaos, qui allait devenir une référence du mondialisme. La nécessité, plaide-t-il, de créer une grande fédération de démocraties. Le plus célèbre d’entre tous, One World, est écrit peu après par Wendell Willkie. L’idée est reprise depuis, dans une obscurité relative, plus récemment par Attali.

Et comment fonctionne la bête? Une démocratie participative, il va sans dire. Un palier de plus, donc, mais sans dénaturer certains pouvoirs plus locaux. Dangers de corruption, dites-vous? Euh… ok, mais en quoi de plus qu’actuellement? Serait pas une bonne idée, justement, de faire chapeauter les petits bandits sévissant ici et là? Leur servir une justice immédiate?

Une citoyenneté mondiale, aussi, avec des droits individuels afférents. Le démantèlement des armées nationales, au profit d’une force policière globale chargée de stopper les conflits internes, c’est-à-dire réussir là où l’ONU, et le droit international dans son intégralité, échouent à temps quasi-complet. Les camps de Ouïghours, bien entendu, mais aussi la prise d’assaut talibane, celle-ci témoignant à nouveau des limites de l’unilatéralisme, tout américain soit-il (ou pas). Bienvenue aussi à une taxation, juste et proportionnelle, à laquelle les multinationales et autres Bedos et Musk ne pourront s’éluder.

Enfin, et surtout : un organe international normatif en matière environnemental. Un vrai. Sérieux. Non soumis aux diktats des potentats spécialistes de la prise de couilles nationales. Veillant à l’uniformisation des pratiques permises. Stoppant la destruction des écosystèmes, patrimoines humains et autres actifs planétaires.

Je rêve en couleurs? Je le sais bien. Mais je préfère encore l’utopie à la dystopie, voire le cauchemar d’une humanité, minus les richissimes, en train de toaster à p’tits feux.

Pour paraphraser Orben : si vous trouvez que le rêve coûte cher, essayez donc la paralysie collective pour voir.

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