Un groupe réclame la construction rapide de 100 000 logements
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) demande aux partis politiques du Québec un engagement: un plan pour la construction rapide de 100 000 logements.
«Le Québec serait en déficit d’environ 100 000 logements sur l’ensemble du territoire. L’habitation doit absolument être un enjeu prioritaire dans le cadre de la prochaine campagne électorale. Il est impératif d’augmenter la cadence et d’offrir rapidement aux ménages québécois des unités d’habitation abordables et durables», affirme le président-directeur général de l’APCHQ, Maxime Rodrigue.
L’association demande l’élaboration d’une politique nationale d’habitation dans les 100 premiers jours suivant l’élection.
Un des premiers défis qu’a identifiés l’organisation est la pénurie de main-d’œuvre qui sévit notamment dans ce secteur. Maxime Rodrigue considère qu’il faut faciliter l’accès à l’industrie et miser sur la polyvalence de la main-d’œuvre.
«Il est plus que temps de repenser la façon dont on encadre le développement, de poursuivre le processus d’allègement réglementaire et de récompenser les municipalités qui réalisent des efforts pour accélérer les diverses étapes d’autorisation», estime-t-il.
Rappelons qu’il y aurait 15 000 postes vacants dans l’industrie de la construction. Pour remédier à cette pénurie, l’Association de la construction du Québec (ACQ) recommandait, elle, de mettre en place un programme de travailleurs étrangers temporaires propre au secteur de la construction.
L’ACQ propose également d’augmenter l’offre de formations liées à ce domaine d’activité.
L’abordabilité des logements
Les deux organisations font le même constat: les besoins en matière d’habitation sont criants. L’APCHQ considère ainsi que la forte hausse des prix de l’immobilier est liée à une «offre de propriétés existantes anémique».
«C’est environ 55 000 mises en chantier qu’il faudrait viser pour les 10 prochaines années pour combler le déficit actuel. Malgré le défi gigantesque auquel fait face le Québec, les mises en chantier ont déjà atteint un niveau historique. En effet, en 2021, c’est près de 68 000 mises en chantier qui ont vu le jour, la meilleure année depuis 1987», indique l’association.
Elle demande par ailleurs une révision des modalités de remboursement de la TVQ pour l’achat d’un logement neuf.
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réclame pour sa part la livraison de toutes les unités d’habitation déjà programmées dans AccèsLogis, de même que le démarrage d’un grand chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans.
La CAQ de François Legault a promis ce vendredi 1,8G$ pour financer 13 700 logements sociaux et abordables. Elle considère par ailleurs que la crise du logements se résorbera d’elle-même d’ici à 2027.
La Parti libéral du Québec et Québec Solidaire s’engagent tous deux à livrer 50 000 logements, le PLQ sur dix ans, et QS sur cinq années.
Des logements durables
Afin que la construction ait des impacts limités sur l’environnement, l’APCHQ se prononce en faveur de la densification. Elle y voit le meilleur moyen de lutter contre la rareté des terrains et de favoriser ainsi leur abordabilité.
De plus, considérant que 56% des logements québécois ont été construits avant 1980, l’association propose la mise en place d’une subvention à hauteur de 30% des travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments.
Les propositions sont intéressantes mais pourraient aller beaucoup plus loin pour être réellement efficaces, estime Maude Brunet, experte en gestion de projet et chercheuse en innovation en construction à HEC Montréal.
«De pair avec la qualité de la construction, de nombreuses solutions innovantes et technologiques (la modélisation des données du bâtiment – BIM et autres) existent et sont encore sous-exploitées au Québec, permettant notamment la modélisation de l’efficience énergétique des bâtiments», fait-elle valoir.