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La gastronomie québécoise toujours victime de ses clichés

Une poutine Photo: Archives Métro

EXCLUSIF logoÀ l’extérieur du pays, quand on parle du Québec gastrono­mi­que, on parle de sirop d’érable, de poutine, de smoked meat et de bagel.

C’est ce qui ressort d’une analyse réalisée par Influence Communication entre le 1er juin 2012 et le 31 mai 2014, que Métro a obtenu en exclusivité. Le courtier en information médias a colligé les informations de plus de 160 pays, dans 22 langues, pour dresser le portrait médiatique de la gastronomie d’ici. «J’ai trouvé que la couverture médiatique associée au domaine agroalimentaire du Québec était très caricatura­le, qu’on n’allait pas hors des sentiers battus», affirme l’analyste d’Influence Communication Nicolas Ryan.

Lors de son passage à Mont­réal, l’animateur de l’émission Bizarre Appétit, Andrew Zimmern – dont l’épisode sur Montréal a été diffusé en juin sur la chaîne Zeste –, a voulu goûter à la «joie de vivre» du Québec, avec ses plats décadents et bourratifs. Il est donc passé par La Banquise pour y manger de la poutine, est allé chez Schwartz’s pour goûter un sandwich de smoked meat et au Fairmount Bagel pour tester quelques pains roulés à la main, emblématiques de la métropole québécoise.

Il a aussi visité la cabane à sucre du Pied de cochon et le Joe Beef, deux établissements où l’abondance est à l’honneur.

En une heure, les téléspectateurs ont eu un bon aperçu de l’image qu’a la gastronomie québécoise à l’étranger. Il a certes mangé du phoque et du cheval, mais dans l’ensemble il est allé là où on s’attendait à le trouver.

ACTU sirop d'érable conserve

Pour le chef Laurent Godbout, il n’y a aucun problème à ce que le Québec soit reconnu pour ses mets plus populaires et moins par sa fine cuisine. «Le Danemark s’est fait connaître, culinairement parlant, par sa cuisine nordique, fait remarquer le propriétaire du restaurant Chez L’Épicier. Et nous, s’il faut qu’on fasse venir les gens en parlant de poutine et de smoked meat, ce n’est pas plus grave que ça. Ça remplit notre ville, et même si les touristes ne viennent pas dans mon restaurant, ils vont aller dans un autre, et ça va faire rouler l’économie de Montréal.»

Pour M. Godbout, ce sont nos produits qui nous démarquent, et pas nécessairement notre cuisine, qui a une histoire trop jeune pour être ancrée dans les mœurs.

«Montréal ne doit pas être reconnu que pour sa grande gastronomie ni que pour sa poutine.» –Normand Laprise, chef-propriétaire du restaurant Toqué! et de la Brasserie T

Même son de cloche du côté du chef Normand Laprise. «Présentement, la vraie cuisine québécoise, elle est en train de se construire, croit le propriétaire du Toqué!. Quand j’ai commencé l’école de cuisine, si je voulais faire de la bonne cuisine, je faisais de la cuisine française. Mais en France, il a fallu des siècles pour construire une culture culinaire, et les Français doivent encore faire attention pour ne pas la perdre.»

Cette affirmation de notre identité s’inscrit, selon le chef Laprise, dans un mouvement mondial. «J’ai pris des repas au Mexique préparés par de jeunes chefs mexicains qui font de la super bonne cuisine avec des produits à eux et qui s’identifient à leur terroir», dit-il.

Même si le Québec s’inscrit bel et bien dans cette vague-là, pour que ça se répercute à l’international, «il faut être soutenu par les gouvernements», ajoute toutefois Normand Laprise. «Aujourd’hui, on va en Espagne ou au Danemark pour bien manger, alors qu’il y a 20 ans, on n’allait qu’en France ou en Italie pour cela. Pourquoi? Parce que les gouvernements ont soutenu leurs chefs et les ont mis de l’avant. Beaucoup de grands chefs participent à des événements partout dans le monde et sont soutenus par leurs gouvernements parce qu’ils font de la promotion pour leur pays», fait valoir le grand chef Relais et Château qui, lui, doit aller par ses propres moyens présenter le Québec gastronomique aux quatre coins du monde.

Montréal paradoxal
Au sommet du palmarès des restaurants du Québec dont on parle le plus à l’international se côtoient Schwartz’s (12,77%) et Toqué! (11,88%), selon les données d’Influence Communication. Une année, c’est Toqué! qui domine, avec 13,24% du poids médiatique, et l’année suivante le célèbre restaurant du chef Laprise est délogé par le smoked meat de Schwartz’s, qui s’accapare 14,44% du poids médias. Une compétition féroce entre deux joueurs qui, de prime abord, ne sont pas du tout dans la même ligue.

Top 10
Top 10 des produits alimentaires québécois dont on a le plus parlé dans la presse étrangère (du 1er juin 2012 au 31 mai 2014), avec leur poids médiatique.

1. Sirop d’érable 19,68%
2. Vins et cidres 18,06%
3. Fromages 13,90%
4. Bières 12,54%
5. Poutine 10,12%
6. Bagel de Montréal 6,3 %
7. Porc 4,81%
8. Homard 2,55%
9. Crabe des neiges 2,27%
10. Smoked meat 2,27%

Source: Influence communication

Cette semaine dans Métro
La gastronomie québécoise dans le monde
• Mardi: Les femmes chefs sous-médiatisées
• Mercredi: La gastronomie régionale a peu d’écho
Jeudi: Les chefs et les médias

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