Québec solidaire propose une nouvelle approche pour la prostitution

Réunis en congrès ce week-end, les membres de Québec solidaire (QS) ont adopté une proposition qui vise à donner aux prostituées et travailleuses du sexe les outils pour pouvoir effectuer les changements qu’elles veulent, que ce soit pour s’en sortir ou pour mieux encadrer leur travail.

«Nous sommes là, non pas pour leur dire quoi faire, mais pour les accompagner», a affirmé la co-porte-parole de QS, Françoise David, lors d’un point de presse dimanche.

Mme David a d’ailleurs tenu à féliciter ses troupes, qui ont réussi un «tour de force» en adoptant à 80% cette proposition. C’est que le parti a pu trouver une «position consensuelle» qui réconcilie les deux courants d’un clivage important dans les cercles féministes: celles qui prônent l’abolition de la prostitution, et celles qui croient plutôt que les activités des travailleuses du sexe devraient être reconnues comme un travail.

«On a pu mettre ensemble des gens qui ne se parlent guère, qui sont souvent antagonistes, a souligné Mme David. C’est un débat difficile et émotif.»

Mme David a rajouté que cette proposition pourra jeter les bases d’un débat plus sain sur la question de l’exploitation sexuelle. Le parti entend d’ailleurs proposer, lors de la rentrée de l’Assemblée nationale à l’automne, la tenue d’un comité de travail non-partisan pour traiter des enjeux liés à la prostitution.

QS propose entre autres de prévenir l’entrée des femmes dans le monde de la prostitution en luttant contre la pauvreté, notamment en instaurant un revenu minimum garanti, et de soutenir les organismes pour permettre à celles qui désirent quitter le milieu de le faire.

Le parti croit aussi que l’éducation à la sexualité doit réintégrer le cursus scolaire, et qu’un changement de culture est à effectuer. Selon Mme David, le «machisme» et «marchandisation» du corps des femmes rendent possible l’exploitation sexuelle.

«Pourquoi est-ce que, dans 80% ou 90% des cas [de prostitution], les clients sont des hommes et ce sont des femmes qui sont prostituées ? Est-ce que c’est un pur hasard. Nous croyons que non, croit Mme David. Il faut lutter contre une sorte de culture machiste à travers le monde, y compris au Québec.»

Une des propositions adoptées par QS ce week-end vise d’ailleurs à inviter les hommes et les femmes à prendre conscience qu’ils «peuvent satisfaire leurs besoins sexuels sans faire appel aux personnes prostituées/ travailleuses travailleurs du sexe».

«Il y a clairement des hommes qui trouvent ça bien trippant d’acheter des services sexuels, mais je ne suis pas sur que tous ces hommes là ont pensé à la femme qu’ils ont devant eux, a lancé Mme David. Est-ce que ces hommes consentiraient à ce que leurs filles ou leurs blondes fassent ça ?»

Nouveau mandat

Françoise David et Andrés Fontecilla ont tous les deux été reconduits dans leurs fonctions de co porte-parole.

Alors que QS fêtera son 10e anniversaire l’année prochaine, M. Fontecilla a affirmé que le parti aura finalement un véritable programme pour la première fois l’année prochaine.

M. Fontecilla a expliqué que la lenteur est «le coût de faire un programme démocratique».