Soutenez

La cyberintimidation crée un risque de dépression

TORONTO – Environ un enfant ou adolescent sur quatre avoue avoir été victime de cyberintimidation, un phénomène qui entraîne un risque de dépression, révèle une enquête internationale.

L’analyse de 36 études, menée par des chercheurs de l’Université de l’Alberta et le Centre d’excellence de l’Ontario pour la santé mentale des enfants et des adolescents, à Ottawa, a été publiée lundi dans la revue JAMA Pediatrics.

D’après l’auteure de l’étude, Michelle Hamm, il y a un lien constant entre l’exposition à la cyberintimination et une probabilité accrue de dépression.

Les études recensées démontrent que les filles sont moins souvent victimes de type d’intimidation par courriel, message texte ou sur les réseaux sociaux. Les relations amicales ou amoureuses sont souvent au coeur des attaques électroniques.

Chez les filles, les sujets d’intimidation sont souvent leur apparence ou leur popularité, tandis que les garçons sont visés par des commentaires homophobes et sur leurs capacités physiques.

La prévalence de l’intimidation en ligne variait de cinq à 74 pour cent des répondants, selon les études, ce qui équivaut à un taux moyen de 23 pour cent.

Les jeunes victimes de cyberintimidation peuvent développer des comportements tels que se tenir à l’écart, ou se sentir en colère ou humiliés. Les résultats scolaires et la présence en classe en souffrent aussi.

D’après le coprésident et cofondateur de l’organisme BullyingCanada, Rob Frenette, la dépression est une réaction commune à la cyberintimidation, et les conséquences peuvent persister jusqu’à l’âge adulte, surtout si l’intimidateur continue le harcèlement après l’école secondaire.

Le stress encouru peut également perturber le sommeil, ou provoquer des cauchemars et des épisodes de somnambulisme. Il arrive finalement que les victimes se retirent des médias sociaux ou cessent d’avoir des interactions en ligne, a affirmé M. Frenette depuis Fredericton.

Dans certains cas, elles «éliminent toute la technologie de leur vie».

«(Les victimes) ne se sentent pas en sécurité en interagissant avec quelqu’un qui peut potentiellement les joindre 24 heures sur 24, sept jours sur sept, par un écran d’ordinateur», explique-t-il.

Michele Hamm, adjointe de recherche à l’Université de l’Alberta, à Edmonton, rapporte que les enfants et adolescents ayant participé aux études recensées trouvaient souvent une façon passive de réagir, soit en bloquant l’interlocuteur ou en tentant d’ignorer ses messages.

«On a vu peu de situations où ils en parlaient à des gens autour d’eux», affirme-t-elle.

«Les enfants, souvent, ne le disaient pas à leurs parents ou à leurs enseignants. S’ils le disaient, c’était plus souvent à un ami.»

«Un discours récurrent des enfants était qu’ils craignaient que leurs parents leur interdisent l’accès à Internet. C’est une manière très importante de communiquer avec leurs amis, donc ils ne veulent pas en être privés.»

Selon Rob Frenette, un jeune harcelé en ligne par un collègue de classe devrait en faire part à son conseiller en orientation ou à son directeur. Les parents devraient aussi être informés lorsque l’intimidateur vient de l’extérieur de l’école. Il peut être prudent, dans ce cas, d’appeler la police: dans certains cas, des accusations peuvent être portées en vertu du Code criminel.

«C’est très important de dire à vos parents ce qui se passe», conseille-t-il aux jeunes.

«De l’autre côté, les parents doivent savoir que la meilleure solution n’est pas de complètement déconnecter l’enfant de tous les médias sociaux. En le faisant, vous le punissez pour quelque chose qu’il n’a pas fait.»

La recherche pilotée par Mme Hamm dessine un profil de la cyberintimidation et des contextes dans lesquels elle se produit, ce qui pourrait être utilisé pour créer des stratégies de prévention et d’action.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.