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Vivre sa transsexualité à l’ère des réseaux sociaux

Photo: Gracieuseté
Olivia Nguonly - Hebdo Rive-Nord / TC Media

Dans ses souvenirs les plus lointains, Gabrielle Marion voulait porter des robes, avoir les cheveux longs et être une princesse. Mais celle qui est aujourd’hui une femme épanouie, était, à l’époque, un petit garçon prénommé Gabriel.

«Mes parents ne m’ont jamais imposé de stéréotypes. Quand j’étais jeune, je me voyais comme une fille et je pensais que je pouvais avoir des règles», se remémore celle qui a à présent 24 ans.

Tôt à l’adolescence, le jeune homme de 12 ans fait son «coming out» en tant qu’homosexuel, autant auprès de sa famille que ses amis.

Il va même jusqu’à mentionner son désir de devenir une femme à ses parents, mais s’ils acceptent bien l’homosexualité de leur fils, ils sont plutôt surpris par cette seconde annonce, ce qui a pour effet de faire reculer Gabriel sur le coup.

À travers son passage au secondaire, l’adolescent à la longue crinière bouclée se maquille et évolue entouré de plusieurs amies. Même s’il n’est pas accepté de tous, il estime avoir connu de belles années à l’école secondaire L’Horizon à Repentigny.

«J’aime bien repenser à mon passé. Je ne regrette rien de ce que j’ai vécu et  »Gabriel », je le vois positivement, parce que j’aime me souvenir de qui j’étais avant», exprime la jeune femme.

L’influence de Caitlyn Jenner
La montée en popularité de YouTube lui ouvre ensuite une fenêtre sur le monde de la transsexualité. «J’ai commencé à faire des vidéos sur la beauté et des transgenres ont commencé à me suivre. Ça m’a amené à réfléchir», partage-t-elle.

Mais le véritable déclic pour Gabriel est l’annonce du changement de sexe, en 2015, de Bruce Jenner, médaillé d’or aux Jeux olympiques, qui est aujourd’hui Caitlyn Jenner.

«J’ai toujours voulu vivre ma vie complète jeune et quand j’ai vu toute sa transformation, je me suis dit que c’était là où jamais», confie celle qui a subi depuis différentes chirurgies faciales, soit au niveau des pommettes, du nez et des lèvres, ainsi qu’une chirurgie de la pomme d’Adam.

Aussi, depuis plus d’un an, Gabrielle prend des hormones et est en attente pour une mammoplastie ainsi qu’une vaginoplastie. «Ça reflète la manière dont je me sens à l’intérieur. Sinon, j’aurais un manque de confiance en moi. Tous ces changements vont compléter la personne que je suis vraiment.»

Même si elle n’a jamais douté de sa transformation, la jeune femme ne l’a jamais prise à la légère. Elle s’est informée auprès d’autres transsexuelles et a consulté une psychologue afin de faire des choix éclairés. 

Réseaux sociaux
Aujourd’hui, la Repentignoise est en couple avec un jeune homme et est plus active que jamais sur YouTube où elle présente des vidéos sur la beauté ou sur sa vie de trans, toujours avec humour et authenticité. Elle compte près de 24 700 abonnés et ses capsules cumulent plus de 2 millions de vues.

C’est en septembre dernier qu’elle choisissait d’annoncer la grande nouvelle à son public sur les réseaux sociaux à travers la vidéo: «Je suis trans.» Après avoir ralenti sa cadence sur YouTube, Gabriel devenait officiellement Gabrielle aux yeux du monde entier.

«Ça m’intéresse vraiment de répondre aux gens qui se posent des questions et qui ne sont pas sûrs de comprendre tous les trucs par rapport à ça, sans nécessairement vous instruire, parce que moi aussi j’en apprends encore. Mais j’aimerais que vous sachiez les vraies choses et le fond de ma tête, car je suis vraiment 300 fois mieux. Je ne pouvais pas m’exprimer comme là je le peux», annonçait la youtubeuse encore sous le coup de l’émotion.

La femme de 24 ans souhaite ainsi se servir de cette plateforme afin d’aider à son tour d’autres jeunes qui se questionnent sur leur identité sexuelle. «Je pense que c’est bien d’aller consulter, ça peut nous aider, mais il faut avant tout y aller avec ce que l’on ressent», lance celle qui est aussi active sur Snapchat, Instagram et Facebook.

Informer les gens sur son parcours et sa réalité est un chemin que Gabrielle entend poursuivre, autant dans ses vidéos d’un grand divertissement, que lorsqu’elle travaille à la quincaillerie où elle occupe un poste depuis plusieurs années. «Partout, en général, les gens sont bien corrects avec moi. Ils sont ouverts d’esprit.»

Fonder une famille, acquérir une première maison et agrandir sa chaîne YouTube font aussi partir de ses plans pour l’avenir.

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