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Le banquet: Temps durs

Marc-André Lemieux, Métro

La plupart du temps, l’actualité précède l’inspiration. La guerre du Vietnam (Full Metal Jacket, Platoon, The Deer Hunter), les attentats du World Trade Center (Rendition, United 93), l’assassinat de John F. Kennedy (Ruby, JFK, Le piège américain)… Ces épisodes marquants de l’histoire sont à l’origine d’un grand nombre de longs métrages.

Dans des cas plus rares, les événements surviennent après avoir été imaginés par les auteurs.C’est un peu ce qui est arrivé à Sébastien Rose et à son père, Hubert-Yves, lors de l’écriture du Banquet.

Au moment où le tandem travaillait à son scénario, en 2005, quelque 170 000 cégépiens et universitaires déclenchaient une grève pour contester les coupures du gouvernement Charest dans le programme d’aide financière aux études. Près d’une année plus tard, une fusillade éclatait au collège Dawson…

«Ça me confirmait la pertinence du film, indique Sébastien Rose, qui en signe également la réalisation. Je voulais faire un film qui parle du Québec actuel, des problèmes qu’on vit en ce moment.»

Destins croisés

Trois histoires s’entrecroisent dans Le banquet, un film kaléidoscopique dans la même veine que Crash et Babel : celle d’un leader étudiant (Frédéric Pierre) tiraillé entre les aspirations des étudiants et ses propres ambitions, nourries par un recteur manipulateur (Raymond Bouchard); celle de Natacha (Catherine De Léan), une jeune mère toxicomane qui tente de refaire sa vie; et celle de Bertrand (Alexis Martin), un prof élitiste confronté à un étudiant indiscipliné (Benoît McGinnis).

Après avoir traité de la famille dans ses deux premières incursions au grand écran (Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause et La vie avec mon père), Sébas­tien Rose s’attaque ici au milieu de l’enseignement, un univers qu’il connaît bien puisqu’il a déjà enseigné au collège Garneau, à Québec, après sa maîtrise en philosophie.

«Le rôle d’un cinéaste, c’est d’interroger son temps et, présentement, l’éducation est un dossier chaud au Québec. En fait, ç’a toujours été le cas, observe le réalisateur. Le système est au bord de la faillite. On est appelés à redéfinir les universités. Le banquet, pour moi, c’était une façon de partager mes réflexions sur cette problématique-là.»

Retrouvailles

Le banquet marque les retrouvailles d’Alexis Martin et Sébastien Rose. En 1996, ce dernier avait eu recours aux services de l’acteur pour un court métrage, qu’il avait réalisé et produit avec ses propres économies.

Alexis Martin y jouait un jeune prof qui demande conseil à son mentor.

«Au Québec, les comédiens participent bénévolement aux projets de réalisateurs qui commencent dans le métier. Ça fait partie de la tradition, précise l’acteur. Le milieu de la culture, c’est une pépinière : tu plantes des arbres et tu les arroses.»

Selon lui, Le banquet trace un constat pessimiste, mais réaliste de l’avenir des universités québécoises.

«On avait le rêve utopique que tout le monde pouvait réussir à l’université, ce qui est évidemment impossible, note-t-il. C’est censé être une institution d’élite. Je ne crois pas qu’on rende service aux gens quand on leur ouvre la porte sans les avertir de ce que ça exige. C’est un peu ça que dit le film : on ment aux gens en leur faisant miroiter n’importe quoi.»

Benoît McGinnis, qui partage l’affiche avec Alexis Martin, n’avait que de bons mots pour son partenaire de jeu. «C’est un acteur incroyable, dit-il. Il est dans la vérité la plus complète.»

Le banquet
En salle dès le 29 août

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