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Sébastien Tellier, l'intello libertin

Marc-André Lemieux, Métro

Sébastien Tellier est un paradoxe ambulant. En entrevue, il alterne entre deux personnalités distinctes : le grave intellectuel, dont chacune des réponses se transforme en dissertation philosophique, et le rigolo en rut, qui se laisse guider par ses besoins primaires.

«En concert, je ne veux pas d’applaudissements; je veux voir les gens se peloter», dit-il le plus sérieusement du monde.

Véritable star en Europe, Sébastien Tellier ne fait pas (encore) courir les foules de ce côté-ci de l’Atlantique. L’excentrique chanteur espère toutefois que la sortie cet automne de son troisième album studio saura rallier les Nord-Américains à sa cause. C’est d’ailleurs ce week-end, au parc Jean-Drapeau, dans le cadre du Festival Osheaga, qu’il donnera le coup d’envoi à son opération charme.

Judicieusement intitulé Sexuality, le nouvel opus de l’auteur-compositeur adhère au mouvement électro-pop français qui déferle dans les boîtes de nuit de la planète entière. Réalisé par Guy-Manuel de Homem-Christo, de Daft Punk, le CD est une ode aux plaisirs de la chair et s’inscrit, selon l’artiste, dans une quête de vérité.

«Je me demande toujours pourquoi on agit comme on agit, révèle-t-il. Au départ, je pensais que ce qui formait notre caractère, c’était la famille. Après, j’ai cru que c’était la politique. Et maintenant, j’ai compris que le sexe est encore plus leader.»

Composé de titres lancinants qui semblent tout droit sortis de la trame sonore d’un vieux film érotique, l’opus a été encensé par la critique du Vieux Continent.

«Mon message est simple : pour être un bon amant, il faut être quelqu’un de gentil, souligne-t-il. La seule façon d’obtenir la jouissance sexuelle totale, c’est d’être quelqu’un de noble d’esprit.»

Branchée, la France

Dans l’Hexagone, les albums de Sébastien Tellier sortent sous l’étiquette Record Makers, fondée par le duo français Air. Selon le musicien, le manque d’espace explique en partie pourquoi la musique électronique est largement dominée par les nos cousins d’outre-mer, comme Justice et Mirwais.

«Ce sont les conditions de la vie urbaine qui nous poussent à faire de l’électro, explique-t-il. On est obligés de faire de la musique avec des synthétiseurs, des casques et des ordinateurs parce que les appartements et les escaliers à Paris sont trop petits pour qu’on puisse y faire passer des batteries et d’autres gros instruments du genre. C’est pour ça qu’à Los Angeles, on fait des trucs énormes avec des orchestres gigantesques, parce que là-bas, ils ont la place et les moyens pour mettre ce qu’ils veulent là où ils veulent.»

Avec humour

Sébastien Tellier insiste : l’humour est au cÅ“ur de son Å“uvre. À travers les soupirs exagérément sensuels de Roche et les rythmes dance de Sexual Sportswear,  la seule pièce instrumentale de Sexuality, le musicien dit ne pas se prendre trop au sérieux. Un seul coup d’Å“il à la pochette de son nouvel album suffit pour s’en convaincre. On y voit le chanteur, à dos de cheval, trottiner sur le corps nu d’une femme géante. Le look vieillot – voire même quétaine – de la pochette rappelle celles des chanteurs de charme français du milieu des années 1980.

«J’essaie toujours de faire vivre des émotions opposées au même instant, explique-t-il.  J’écris des chansons qui sont, dans le même accord et dans la même note, à la fois tristes et joyeuses, douces et violentes. Quand je compose une mélodie très sérieuse, très engagée, il faut forcément que je la saupoudre d’humour, parce que c’est comme ça qu’on trouve l’équilibre.»

Pour Tellier, la plaisanterie est aussi le meilleur moyen d’entrer en contact avec les gens. Sa barbe, ses lunettes de soleil et ses cheveux longs ne sont peut-être pas les accessoires de prédilection d’un artiste grand public, mais son caractère jovial et son attitude désinvolte font de lui l’une des figures les plus appréciées de la presse française.

«Aujourd’hui, un artiste, ce n’est plus un Dieu. C’est fait pour divertir et rien de plus, ajoute-t-il. J’ai envie de créer un art de qualité, mais qu’on puisse vraiment toucher du doigt. Je veux être un nouveau pote dans votre famille. J’ai envie d’être banal.»

Voilà sans doute un objectif que Sébastien Tellier ne saura jamais atteindre.

Sébastien Tellier
MEG Stage
Dimanche à 22 h

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