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Caïman fu: Ces étranges petites bêtes

Trois ans après nous avoir séduits avec ses Charmes du quotidien, Caïman fu revient nous envoûter avec Drôle d’animal, un disque sur lequel le groupe pose un regard ludique sur l’homme, cette étrange petite bête. Mathieu Massicotte, Yves Manseau, Isabelle Blais, Nicolas Grimard et Igor Bartula signent ici un album qui oscille entre les ambiances aériennes et le rock plus incisif, les envolées de trompette et les rythmes dansants de guitare. Métro a rencontré deux spécimens de la formation…

C’est à vélo qu’Isabelle Blais trimballe son petit bedon de femme enceinte jusqu’à notre point de rencontre, un petit café dans le Mile-End. La chanteuse et actrice, qui a commencé 2008 sur les chapeaux de roues, mettra la pédale douce d’ici la fin de l’année, le temps de donner naissance à son premier enfant. Une pause bien méritée pour celle qui, dans les 12 derniers mois, s’est distinguée tant à l’écran (Borderline, La belle empoisonneuse, C.A.) que sur scène, avec Caïman fu.

Avant de quitter le feu des projecteurs, Isabelle Blais et ses complices lanceront Drôle d’animal, leur troisième album en carrière. Truffé d’ambiances éthérées, l’opus, qui débarque en magasin mardi, propose également plusieurs titres rock, une gracieuseté du batteur Mathieu Massicotte, qui s’est récemment joint à la formation.

«On savait qu’on voulait faire quelque chose de plus direct, un feeling un peu plus live, précise Mathieu. C’est la seule ligne directrice qu’on s’est donnée. Après, tout s’est développé en jammant.»

Des rythmes funky de la pièce-titre (un clin d’Å“il à la pop déjantée de Marc Drouin des années 1980) aux guitares électriques plus mordantes d’Aime rêve désir, en passant par les influences ska du Mot et la chose, le CD ne marque pas une cassure avec l’ancien Caïman fu, mais présente une nouvelle facette du quintette. La trompette y est encore présente, mais moins que sur les précédentes offrandes du groupe.

«Il y a moins d’incursions jazzy, indique Isabelle. On est revenus à la base. On ne s’est pas arrêtés pour dire : « Dans cette chanson-là, il va falloir qu’il y ait des cordes ou une section de brass. » On voulait juste faire les choses plus simplement, en ce moment.»

Un virage rock
La présence de Glen Robinson à la réalisation de Drôle d’animal n’est sans doute pas étrangère au virage rock emprunté par le groupe. Reconnu pour son travail auprès des Ramones, de David Bowie, de Queens­rÿche et de Grim Skunk, Robinson a l’habitude des sonorités corsées.

C’est toutefois pour sa polyvalence que Caïman fu a arrêté son choix sur le réputé réalisateur canadien. «Il a abordé tellement de musiques différentes dans sa carrière : Kate et Anna McGarrigle, Voivod, Tori Amos… On savait qu’il pouvait s’adapter à ce qu’on faisait», dit Isabelle Blais.

«On avait l’impression qu’il allait faire ressortir ce qu’on était, qu’il n’allait pas nous passer dans un moule, ajoute Mathieu Massicotte. C’était très important, parce qu’avec certains réalisateurs, peu importe le genre qu’ils explorent, ça finit toujours par se ressembler.»

La peur de Harper
Tout comme leurs pairs du milieu artistique québécois, les membres de Caïman fu ne se gênent pas pour dénoncer haut et fort les compressions des conservateurs dans les programmes culturels.

«Ce ne sont pas les coupes en culture qui vont changer quoi que ce soit au budget fédéral, décrie Mathieu Massicotte. On voit que la volonté de couper dans les arts est d’abord un choix idéologique. Je trouve que c’est de l’extrême droite. C’est aberrant. Et dégueulasse.»

Même son de cloche du côté d’Isabelle Blais, qui trace un parallèle entre le Canada d’aujourd’hui et les États-Unis des huit dernières années. «Si Barack Obama est aussi fort dans les sondages, c’est aussi la conséquence d’un écÅ“urement, d’un trop-plein chez les Américains, explique-t-elle. Au Canada, il faut peut-être, nous aussi, passer par là pour réaliser la gravité de la situation. Il faut peut-être élire un gouvernement conservateur majoritaire… Accumuler les problèmes pendant quatre ans pour finalement voir la lumière.»

Drôle d’animal
En magasin dès mardi

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