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Un vent de changement pour The Streets

Talia Soghomonian, Métro France

Le rappeur britannique de 29 ans Mike Skinner, qui se cache derrière le patronyme The Streets depuis le début de sa carrière, lance un quatrième album, Everything Is Borro­wed.

Le CD, qui se distingue des précédentes offrandes de l’artiste, marque un tournant dans la carrière de la star du rap, qui sent le besoin d’effectuer un changement.

L’Anglais Skinner, un habitué de la scène musicale, est arrivé en 2001 avec Original Pirate Material, un premier album enregistré sur son ordinateur portable, qui a été sacré Disque de l’année par de nombreux magazines du monde entier.

Débarquant en pleine vague britpop, épuisée par la guéguerre entre Blur et Oasis, son rap-garage racontait la vie quotidienne d’un jeune Anglais de province, loin des tourments du showbiz londonien.

Un cousin européen d’Eminem, en quelque sorte.

Plus introspectif
Aujourd’hui, son quatrième opus, Everything Is Borro­wed, se révèle plus introspectif et personnel que jamais. «J’ai pris la décision de ne pas faire allusion à la vie moderne, car désormais trop d’artistes au Royaume-Uni ne font que ça», confie-t-il.

Parmi les thèmes du disque, on trouve quelques préoccupations planétaires comme la religion, dans Alleged Legends, ou l’extinction de l’humanité dans The Way of the Dodo, mais avec une touche toute personnelle, drôle et souvent émouvante.

Le rappeur avoue avoir maintenant de la difficulté à être positif lorsqu’il songe à l’avenir de notre monde.

«J’ai plusieurs bonnes idées de chansons, mais elles sont toutes dépressives! s’exclame-t-il. Et je ne veux pas faire un CD déprimant.»

Mais l’évolution, dans son dernier album, de son regard sur le monde ne vient pas d’hier, croit le chanteur. «Je ne crois pas que je suis devenu spirituel du jour au lendemain, mais que je l’ai toujours été et que c’est ressorti quand j’ai écrit ces chansons», précise-t-il.

Everything Is Borrowed est-il alors l’album de la maturité? «Oui, je suppose. Après chacun de mes disques, les gens se demandent ce que je vais pouvoir faire d’autre, explique-t-il. Ça ne m’a jamais inquiété. Même si la liberté est une grande illusion, le succès ne m’a pas inhibé. Au contraire, il m’a donné l’impression d’être capable de tout faire.»

Y compris de passer à autre chose de complètement différent? «Je crois que j’ai fait le tour avec The Streets, et cet album sera donc l’avant-dernier, déclare-t-il, sans tristesse. Il y a une formule attachée à ce patronyme, et je veux m’en débarrasser. J’aimerais trouver un nouveau nom de scène et tout recommencer.»
Et pas forcément dans la musique.

«La première chose que je veux faire c’est un long métrage, révèle Skinner, enthousiaste. Mon écriture commence à devenir plus abstraite et je crois que le cinéma me permettrait d’évacuer certaines images de mon système.»

Mais une chose est sûre : Mike Skinner aime toujours autant le rap qu’à ses débuts et est persuadé que cette musique est là pour rester.

«Il y a des gens qui sont destinés à faire ce que j’ai fait, parce que la musique rap est puissante, note-t-il. C’est inévitable, la prochaine génération continuera à rapper. Et peu importe que ce que j’ai fait soit bon ou mauvais, j’aurai été un des premiers à le faire. Je crois que j’aurai toujours ma petite place dans l’histoire, et je me compte vraiment chanceux de savoir cela.»

Everything Is Borrowed
Présentement en magasin

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