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Oser pour apprendre à mieux jouer

Jérôme Vermelin, Métro France

Dans la nouvelle comédie de  Fabien Onteniente, Franck Dubosc campe Didier Grain­dorge, alias Didier Travolta, un glandeur cassé qui vit chez maman et traîne son chariot en reluquant les passantes. Pour pouvoir emmener en vacances son fils qui vit avec sa mère en Angleterre, il réussit à convaincre ses copains de reformer les Bee Kings, son groupe de jeunesse, et de s’inscrire à la Gin Fizz Academy, un coucours disco. Un  brin rouillé, Didier s’inscrit au cours
de danse d’une belle bourgeoise, jouée par Emmanuelle Béart.

Entretien à la fois «disco» et «perso» avec l’acteur comique qu’on adore ou qu’on déteste.

Comme Camping, Disco est un film un peu autobiographique, non ?

C’est une petite part de ma vie, mais c’est vrai, j’ai été disco. De 14 à 18 ans, je ne jurais que par Michael Jackson et La Fièvre du samedi soir. Comme avec Fabien on aime bien parler des choses qu’on connaît, on est partis là-dessus. Mais le but n’était pas de raconter mon adolescence. C’était juste un point de départ.
 
Vous êtes disco, mais pas n’importe où… Au Havre!

On ne voulait pas d’un lieu paillettes. On voulait que le titre du film contraste avec la ville où il se déroule. Le Havre,  la Normandie, c’est chez moi, et si on voulait vivre à l’heure du disco, on voulait aussi vivre à l’heure de Monsieur Tout-le-monde. Disco n’est pas un film sur les boîtes de nuit. Le personnage aurait pu marcher avec le hard rock. Mais le disco nous permettait d’avoir une musique ensoleillée et dansante.
 
Comment est né Didier Graindorge/Travolta?

C’est un adulte qui s’habille comme un ado et pense comme un enfant. C’est un brave type, il n’a pas vraiment de pudeur si ce n’est de vouloir qu’on le connaisse vraiment. Il n’est pas spécialement disco, il est ailleurs.

C’est un personnage qu’on a fabriqué par petites touches. Fabien voulait qu’il sourie tout le temps, pour le rendre naïf. Qu’il porte des vêtements trop étroits, pour moi…

Le cinéma vous donne-t-il les moyens d’essayer des choses impossibles sur scène?

Sur scène, je suis plus violent, plus prétentieux que Didier Graindorge. Graindorge invite à dîner au Buffalo Grillo. Le Dubosc de scène se fait inviter à dîner. Graindorge regarde les filles dans la rue. Le Dubosc de scène ne les regarde pas, il se laisse regarder. Il y a une différence! En règle générale, je suis plus éloigné de mon personnage de scène que Dany Boon de son person­nage dans les Ch’tis.
 
Qui est le vrai Dubosc, alors?

Ni l’un, ni l’autre. À la télé, je suis plus celui de scène, pour faire plaisir à ceux qui m’invitent. En étant très loin de mes personnages dans la vraie vie, j’arrive à garder une distance, à régler le potentiomètre quand il faut.
 
On vous a vu pleurer dans Envoyé spécial. Racontez ce moment.

Je suis arrivé dans l’appartement dans lequel j’ai vécu de 0 à 12 ans. Ça faisait longtemps que je passais devant en voiture en me demandant qui habitait là. Comment est devenu cet endroit qui représente ma première partie de vie, fait uniquement de premières fois. Cet appartement n’est pas taché par le drame. En poussant la porte, j’ai revu les meubles, mon père assis devant la télévision. Là ça a été terrible. Mon réflexe, ça a été d’aller me cacher dans ma chambre d’enfant, qui est celle des gens qui habitent là maintenant.
 
Jusqu’où êtes-vous prêt à aller dans l’humour?

Mon prof d’art dramatique me disait : «il faut oser pour doser.» Plus tard, lorsque je serais un meilleur acteur, je doserai mieux. Là j’ose. Je me mets en slip kangourou devant Emmanuelle Béart. Plein d’acteurs n’oseraient pas! Peut-être parce que j’ai encore besoin de ça pour avoir l’air d’un acteur.
 
Mais vous avez commencé par des rôles dramatiques…

Oui, mais je n’ai jamais marqué les esprits dans des rôles dramatiques. Tout à coup, j’ai découvert que j’existais en faisant rire. Après Camping et Disco, on me demande déjà si je veux refaire du drame. Mais mon but n’est pas de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, mais plutôt me prouverà moi-même ce que je sais faire.

Disco
En salle le 26 septembre

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