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Philippe Falardeau présente C'est pas moi, je le jure!

Geneviève Vézina-Montplaisir, Métro

Quand Philipe Falardeau a lu le roman de Bruno Hébert, C’est pas moi je le jure! en 1997, il a d’abord été séduit par la scène où Léon va dans la maison des voisins et détruit tout sur son passage. Le cinéaste a tout de suite perçu le côté cinématographique de ce petit garçon autodestructeur qui ne digère par la séparation de ses parents et il a décidé d’en faire sa première adaptation.

«J’ai été un petit garçon de 10 ans, alors je sais ce que c’est, détruire des affaires, se souvient-il. Mais je trouvais que Léon avait une façon de le faire qui était singulière et drôle. Même si ce n’est pas drôle ce qu’il fait, la façon dont il le fait l’est. De la même façon, ses suicides ratés ne sont pas drôles, mais la façon dont il les faits est toujours unique. C’est ce que j’aimais : le côté bibitte de ce petit garçon-là, qui est destructeur, mais qui se pose des questions très philosophiques sur la vie. C’est ce que je faisais à 10 ans,  même si je n’avais pas son niveau de destruction atomique. Ça me touchait aussi que l’humour semble toujours arriver en même temps que le drame.»

Le réalisateur n’a donc pas encore réalisé La moitié gauche du frigo et Congora­ma quand lui vient l’idée d’adapter le roman. Mal­heu­reusement, à l’époque, les droits de l’ouvrage ont déjà été cédés. Ce n’est que quelques années plus tard, au début des années 2000, que les droits sont à nouveau libres. Avec le recul, Philippe Falardeau est bien content d’avoir eu plusieurs années pour établir une distance avec le sujet. Cela lui a donné le courage d’abandonner certains éléments du livre.

«Il faut avoir le courage d’abandonner un tas d’affaires, et il faut surtout ne pas essayer de reproduire les forces du roman, qui sont littéraires, explique le réalisateur et scénariste. Dans le livre, il y a une narration intérieure où l’enfant a une vue très naïve des choses, mais avec une référence et un vocabulaire d’adulte. L’écart entre les deux crée un humour qui est très particulier. Je ne pouvais pas reproduire ça au cinéma. Il fallait que j’en fasse mon deuil. Il y a seulement quatre narrations dans le film, dont celle du début, qui donne le ton : « Avant ma naissance, j’étais très bien, mais ça s’est gâché quand je suis né. Il y a des médecins qui devraient être suicidés au peloton d’exécution. »»

Les enfants

Si Philippe Falardeau avait déjà tourné avec un enfant dans Congorama, il avait certaines appréhensions à tourner avec un jeune garçon qui allait devoir porter le film sur ses épaules. Le cinéaste, qui n’est pas papa, s’est demandé s’il pouvait mettre en scène des gamins.

«Mais la vraie question est devenue – étant donné que c’est un film qui s’adresse à des adultes qui ont des souvenirs d’enfance : est-ce que je peux traiter de ces derniers? Je me suis dit que j’avais mes souvenirs et que c’était ça qui était important, affirme-t-il. Ce n’est pas un film où les enfants doivent avoir l’air plus vrais que nature, parce que Léon a une dimension marginale.»

Le réalisateur a donc demandé à la coach Félixe Ross de l’aider à guider les petits. Il a aussi vite compris qu’il fallait discuter avec les enfants comme on discute avec les adultes, et que ces derniers comprenaient bien ce que leur personnage vivait.

«La différence entre un enfant de 10 ans et un adulte, c’est qu’il n’a pas les mots pour verbaliser, mais il comprend les enjeux émotifs, expose-t-il. Ça, c’était une belle découverte pour moi.»

Philipe a aussi fait d’autres belles découvertes, comme l’utilisation des rails et de caméras steadycam, des appareils qu’il n’avait jamais utilisés, privilégiant la caméra à l’épaule.

«C’était le fun de faire l’expérimentation de ces outils-là, concède-t-il. Mais des mouvements de caméra, il faut que ça soit justifié.»

Philippe Farladeau retournera donc à ses premières amours avec son prochain film, une adaptation de la pièce d’Évelyne de la Chenelière, Bashir Lazhar , un sujet un peu plus social et politique.

«Quand je vois un film qui a une dimension politique, comme Le banquet de Sébastien Rose, ça me touche, note celui qui décrit C’est pas moi, je le jure! comme son film le plus traditionnel. Je veux retourner à ça, sûrement par déformation universitaire parce que j’ai étudié en sciences politiques et je suis attiré par ces sujets-là.»

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