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Cirque: SisterS, passions familiales

Photo: Josie Desmarais/Métro

Les relations fraternelles peuvent être fusionnelles, amicales ou orageuses. Dans certains cas, elles sont tout simplement féeriques.

C’est le cas à l’intérieur de la grande famille De Sela, qui est derrière SisterS, la dernière production des 7 doigts.

Ayin, funambule, et Miriam, acrobate, ont conçu ce conte de fées fraternel dans lequel deux sœurs sont condamnées par un sort à vivre ensemble au milieu d’une forêt enchantée. La musique et la voix de leur sœur Lhasa, décédée en 2010, habillent le spectacle.

Et à la mise en scène, Gypsy Snider fait aussi partie de la famille, en quelque sorte.

«J’ai une relation à vie avec cette famille-là, explique celle qui a d’abord connu Sky, la sœur aînée, qui deviendra aussi saltimbanque en 1983 à San Francisco.

À cette époque, le clan De Sela, formé des deux parents et de leurs neuf (!) enfants, sillonnait le Mexique et les États-Unis à bord d’un autobus scolaire converti en roulotte. Les rejetons se sont tournés naturellement vers les arts, en particulier­ le cirque.

«C’était la première fois que je rencontrais une personne qui avait une vie ressemblant à la mienne», affirme la directrice artistique des 7 doigts (anciennement Les 7 doigts de la main), dont les parents ont fondé le Pickle Family Circus.

«C’était une famille nomade, qui n’avait pas de maison (et pas de télé non plus!). Leur foyer, c’était la famille. Leur créativité, leur monde imaginaire est basé sur les joies et les peines qu’ils vivaient ensemble.»

C’est dans cet imaginaire que puise SisterS en utilisant la symbolique des contes (prince charmant, forêt magique, poison, amour romantique) pour parler des relations familiales.

«Le sort qui affecte les deux sœurs symbolise les relations fraternelles. Ce sont des relations qu’on n’a pas choisies, mais qui nous suivent toute notre vie. On sera toujours confronté à cette personne avec qui on partage nos racines. On ne peut pas effacer cette relation, même si plusieurs aimeraient ça. Mais on peut se retrouver dans son frère ou sa sœur plus que dans personne d’autre», soutient Gypsy Snider.

«C’est quelque chose de très précieux qu’on avait envie de partager, poursuit-elle. Notre but est que les membres du public retrouvent la beauté de cette intimité. C’est très facile de se cacher derrière un écran, une carrière ou une famille autre sans faire face à qui on est. Tandis que les sœurs De Sela n’ont vraiment pas peur de s’affronter, d’apprendre l’une de l’autre et de s’écouter.»

«Depuis des années, j’avais envie de travailler avec des artistes de cirque plus matures, de travailler sur la théâtralité et le langage physique, pas seulement sur les acrobaties ou les figures.» -Gypsy Snider

Un cirque différent
SisterS explore aussi l’aspect théâtral du cirque. Ceux qui ne recherchent que de la haute voltige vont être déçus.

«C’est moins dans le cirque que dans l’expérience théâtrale qu’on trouve la touche des 7 doigts», affirme la metteuse en scène.

«Myriam et Ayin, deux femmes aujourd’hui dans la quarantaine, sont deux artistes de cirque exceptionnelles. Elles ont peut-être maintenant des limites physiques, mais elles sont illimitées dans l’expression. Souvent, l’acrobatie peut cacher l’artiste. Dans SisterS, on enlève la plupart des figures acrobatiques pour trouver une présence scénique qui implique autant de risque que les acrobaties. Dans la gestuelle, l’émotion et la relation avec le public.»

L’ombre de Lhasa
Même si elle est décédée il y a presque une décennie d’un cancer du sein, Lhasa de Sala occupe une place importante dans SisterS.

Ses chansons, dont certaines sont inédites, forment la trame musicale du spectacle. «La musique nous rappelle sa présence, nous guide et nous aide à raconter l’histoire, explique Gypsy Snider. Le cirque, c’est de l’inattendu, mais c’est aussi une aventure théâtrale. On trouvait tout cela dans la musique de Lhasa.»

«Après 10 ans, la douleur s’est transformée en quelque chose de beau, précise celle qui a connu Lhasa lorsqu’elle n’était âgée que de 12 ans. Des fois, on a l’impression que, pour retrouver une personne décédée, on doit mourir aussi. Avec ce spectacle, c’est l’inverse : on constate que, pour retrouver la personne, il faut vivre plus que jamais.»

SisterS est présenté au Théâtre Outremont dans le cadre de Montréal complètement cirque du 8 au 21 juillet.

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