Éric Lapointe : Remonter à la surface
Prison, drogue, alcool, altercations avec des motards… Les artistes dont la carrière a survécu à une telle série de scandales sont rares. Éric Lapointe en est conscient. D’après lui, c’est sa franchise envers ses fans qui lui a permis de se sortir – sur le plan professionnel – presque indemne de cette avalanche de controverses.
«Quand Ginette Reno a chanté pour les motards, son public a été surpris. Si ç’avait été moi, personne n’en aurait fait de cas, dit le rockeur en sirotant un Bloody Cæsar Virgin. Je n’ai jamais caché qui j’étais. Comme ça, quand on me voyait saoul en entrevue, ce n’était pas un scoop. Le monde s’y attendait.»
Après un début d’année difficile côté santé, marqué par une hospitalisation et une désintoxication fort médiatisées, Éric Lapointe revient à l’avant-scène en lançant la première de deux compiles faisant le bilan de ses 15 ans de carrière.
Intitulé Ailleurs, l’opus compte 14 titres, surtout des duos et des collaborations spéciales, n’ayant jamais figuré sur l’un des disques du chanteur. On y retrouve entre autres L’amour existe encore, enregistré en août dernier lors du concert de Céline Dion sur les plaines d’Abraham, à Québec.
Nous nous sommes entretenus avec le chanteur, qui fêtera son 40e anniversaire en septembre.
Depuis tes problèmes de santé, as-tu remarqué un changement dans le regard des gens à ton endroit?
Les gens qui avaient des préjugés défavorables à mon égard prennent plus le temps d’écouter ce que je fais. Avant, leur opinion s’arrêtait à ma réputation et aux choses qui sont véhiculées sur moi dans la presse. J’espère qu’ils vont réaliser que je ne suis pas juste bon à me battre avec des motards ou à me faire jeter en prison. Je suis un passionné, je suis intègre dans ce que je fais et je travaille fort.
Avoir l’image de voyou est-elle importante pour un rockeur?
Je ne crois pas. En ce qui me concerne, c’est arrivé un peu malgré moi. Je n’ai jamais chialé sur ce que les médias disaient parce que ce n’était jamais totalement faux. Je ne suis jamais sorti sur la place publique pour dire que je ne prenais pas d’alcool et de drogues, que j’étais un bon petit gars et que ça ne m’arrivait jamais de sortir aux danseuses, parce que ça aurait été mentir.
Redoutes-tu l’impact de ton nouveau mode de vie sur ton processus créatif?
J’étais inquiet de monter sur un stage sans mes «béquilles», mais je m’en suis fait pour rien. Je me suis rendu compte que sur une scène, je suis à la maison. J’ai même plus de fun aujourd’hui. Ma voix est en pleine forme et j’ai plus d’énergie.
Franchir le cap des 40 ans t’effraie-t-il?
Non. À vrai dire, vieillir ne m’a jamais énervé. C’est juste des chiffres.
Tu reprends I Want You, I Need You, I Love You, d’Elvis Presley. Une carrière en anglais t’a-t-elle déjà intéressé?
Non. Je serais incapable d’écrire en anglais même si je le parle parfaitement. J’aime trop la langue française pour ça. Et puis je ne maîtrise pas encore assez bien ma langue maternelle… Je n’irai pas m’aventurer dans la langue d’un autre! Je n’ai jamais eu de rêves de grandeur. Si je décidais de chanter dans une autre langue, j’opterais pour l’espagnol ou l’italien.
Roger Tabra a toujours été à tes côtés pendant ta carrière. Quel est le secret de votre longue collaboration?
J’adore sa plume. Il a une façon tordue et un peu noire d’écrire. Je ne crois pas que ce soit tous les chanteurs qui puissent le chanter. Il m’a déjà dit que lorsqu’il écrit pour d’autres artistes, il est obligé de se censurer d’une certaine façon. Avec moi, il peut aller où il veut. Après avoir chanté Tendres fesses, je suis prêt à aller n’importe où!
Y a-t-il des chansons tirées de ton répertoire que tu aurais de la difficulté à livrer aujourd’hui parce qu’elles traitent de choses qui sont désormais trop loin de toi?
Non. Je ne renie rien de ce que j’ai fait. Chaque chanson me rappelle une époque, certaines odeurs, certaines ambiances, certains états d’esprit.
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