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Pierre Lapointe au Lion d'Or : Une nuit magique

Pierre Lapointe a réalisé un double tour de force vendredi : non seulement il a réussi à captiver son public avec pour seules armes sa voix et son piano, mais il l’a fait au beau milieu de la nuit. «On est à l’heure des putes!» s’est exclamé le charismatique chanteur, peu après être monté sur l’étroite scène du Lion d’Or.

Présenté dans le cadre de la 23e édition du festival de musique Coup de cÅ“ur francophone, le nouveau spectacle du chanteur se met en branle sur le coup de minuit… et se poursuit jusqu’à l’apparition de Madame Minou au canal V.

Mais tout cela importe peu, car une fois installé derrière son instrument de prédilection, Lapoin­te parvient à nous faire oublier l’heure tardive, le froid de canard qu’il faisait à notre sortie du métro et la fatigue qu’on ressentait en laissant notre manteau au vestiaire.

Il nous séduit par sa pop raffinée, certes, mais aussi par ses savoureux discours entre – et même parfois pendant – les morceaux.

Si le Pierre Lapointe de vendredi dernier affichait une grande forme vocale (sans doute le résultat d’une série intensive de concerts à Paris), il exhibait surtout un féroce sens de l’humour.

À elle seule, l’explication de la formule du spectacle, après une ouverture tout en douceur avec une version instrumentale des Lignes de nos mains, valait le détour. En l’absence de choristes, de musiciens, d’éclairage à tout casser, de décor et de danseurs, Lapointe a avoué avoir contemplé l’idée de se présenter sur scène dans son plus simple appareil et de se rhabiller entre les numéros. «Mais le jour où je vais être nu, les billets vont être beaucoup plus chers!» s’est-il écrié en riant.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les envolées comiques – et la plupart du temps carrément absurdes – de l’auteur-compositeur n’ont jamais fait ombrage aux titres les plus poignants de son répertoire.

C’est ainsi que quelques secondes après avoir ri à gorge déployée, l’audience retrouvait son sérieux à l’écoute d’une vibrante Ces étranges lueurs ou d’une touchante Nous restions là.

Ce Solo piano a été conçu pour les inconditionnels de Pierre Lapointe. Mettant de côté la plupart de ses grands succès (pas de Forêt des mal-aimés, ni de Colombarium, ni même de Je reviendrai), le chanteur privilégie – et avec raison – les morceaux les plus obscurs de son catalogue. Le public a donc droit à La boutique fantastique et à Petite fille laide, toutes deux tirées d’une maquette à tirage limité que Lapointe avait lancée avant la sortie de son premier opus, ainsi qu’à la magnifique L’amour solaire, extraite du mini-CD Les vertiges d’en haut.

L’oiseau de nuit a même proposé pour la première fois en spectacle Moi Elsie, une musique qu’il a écrite pour la chanteuse Elisapie Isaac à partir d’un texte de Richard Desjardins.
Pas habitué de jouer ces chansons (qu’il «ressortait parfois des boules à mites» a-t-il noté), Lapointe s’est trompé à quelques reprises au cours du concert (des fausses notes au piano, des blancs de mémoire).

Et puis après?

Au final, on n’en avait que faire. Ça ne faisait que rendre le moment plus mémorable.
 
Solo piano
Au Lion d’Or
Vendredi et samedi, à minuit

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