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Sea Moya, de Mannheim à Montréal

Photo: Collaboration spéciale

Laisser l’Allemagne derrière et déménager au Québec pour faire de la musique, c’est le projet fou qu’a réalisé le groupe Sea Moya, dont l’album Falmenta, conçu en Italie et terminé à Montréal, est sorti en octobre.

Les membres de la formation Sea Moya – Elias Foerster, de David Schnitzler et d’Iven Niklas Jansen – carburent aux nouveaux paysages et se poussent à sortir de la proverbiale «zone de confort» afin, disent-ils, de rester créatifs.

«On avait fait le précédent EP alors qu’on était sur la route dans les pays de la mer Baltique, explique Elias Foerster, la voix du groupe. Lorsqu’est venu le temps d’écrire Falmenta, on savait qu’on voulait trouver un endroit où on pourrait créer en paix.»

Mélange d’électro et de rock indie, la musique de Sea Moya s’appuie fortement sur des synthétiseurs analogiques, alternant entre des sonorités éthérées et des rythmes groovy.

Un ami avait ce petit chalet de pierre, niché au creux des Alpes italiennes à Falmenta, raconte Elias. Le nom de cette bourgade du nord de l’Italie où le groupe s’est retiré, à l’automne 2016, a inspiré celui de l’album.

«C’était devenu nécessaire de sortir de nos habitudes, de nous éloigner de nos amis et de nos familles pour nous concentrer sur notre musique», ajoute-t-il au bout du fil, alors que le groupe est en tournée au Canada pour promouvoir son album.

«En Allemagne, il y avait cette pression de faire de l’argent avec la musique. À Montréal, la musique est envisagée de manière idéaliste. Ça nous a libérés.» –David Schnitzler, membre de Sea Moya

Après avoir apporté la dernière touche à l’enregistrement, les trois Allemands se sont mis à rêvasser à propos des endroits où ils pourraient déménager. Le Royaume-Uni, le Portugal, d’autres villes allemandes… «On a réalisé qu’on voulait vraiment se dépayser, et plusieurs de nos groupes préférés viennent de Montréal. En plus, les visas sont faciles à obtenir pour nous et le coût de la vie n’est pas trop élevé», enchaîne David.

«L’arrivée à Montréal a été difficile au début; c’est dur de partir de zéro, confie Elias Foerster. Mais la communauté musicale de Montréal est magnifique et chaleureuse. On a vraiment été bien accueillis.»

«Voyager déclenche le processus créatif en moi, mon évolution personnelle se répercute directement sur mon évolution artistique», signale David.

Si les deux musiciens considèrent leur exil comme bénéfique, voire nécessaire, ils affirment qu’il est impossible de ne pas le replacer dans le contexte de la montée des nationalismes, qui s’exprime dans la plupart des pays occidentaux.

«C’est sûr que c’est différent pour nous, affirme Elias. Parce qu’on est un groupe de musique, les gens ne nous perçoivent pas comme une menace.»

«La seule fois de ma vie où je me suis présenté à une frontière et que j’ai été refusé, c’est à la frontière américaine. Ç’a été une expérience très mauvaise, alors je ne peux même pas imaginer ce que ça serait si j’avais voulu fuir un pays et m’installer ailleurs», relate le musicien.

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