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Birds of Passage: la danse de la réalité

Cristina Gallego. Photo: Getty Images Photo: Getty Images for SBIFF

Porte-étendard du septième art colombien, Ciro Guerra et Cristina Gallego sont de retour avec leur redoutable Birds of Passage.

Depuis L’ombre de Bogota, en 2004, le cinéaste Ciro Guerra et la productrice Cristina Gallego se font un point d’honneur de représenter à l’écran des clans autochtones qu’on n’y voit que trop rarement.

«C’est un devoir de mémoire, assure Cristina Gallego en entrevue. Ce sont des périodes de l’Histoire que l’on ne connaît pas et c’est important d’un point de vue culturel, sociologique et ethnographique. »

Cette fois, on découvre les Wayuu, un peuple amérindien qui vit à la frontière de la Colombie et du Venezuela. La fiction, dont l’action se situe entre 1960 et 1980, porte sur un trafic de drogue qui aura de terribles répercussions sur différentes tribus et générations d’une même famille.

Entre western introspectif à la Carlos Reygadas ou Alejandro Jodorowsky et cinéma violent séparé en chapitres façon Martin Scorsese ou Quentin Tarantino, le long métrage embrasse avec volupté les tons et les genres, classiques ou plus lyriques.

«C’est important de montrer ces gens, ces tribus à l’écran. Sinon, qui le fera?» -Cristina Gallego, coréalisatrice de Birds of Passage

«C’est comme un film de gangsters italiens, mais dans un contexte complètement différent», explique celle qui a produit le remarqué Les voyages du vent.

Birds of Passage marque par ailleurs une première pour le duo de choc : Cristina Gallego est également créditée pour son travail à la mise en scène.

«Je suis devenue productrice afin de donner naissance aux œuvres dont je m’occupais, révèle la principale intéressée. J’avais peur de passer à la réalisation, de faire ma place dans ce monde d’hommes. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. Je cherchais le bon moment, et c’est finalement arrivé avec ce film.»

Le récit, peuplé de puissants personnages féminins, oppose le vieux monde, qui donne de l’importance à la famille et à l’honneur, au Nouveau Monde, où l’argent et le succès ont souvent le dernier mot.

Une fracture identitaire dont les conséquences sont toujours perceptibles en Colombie.

«C’est tout un clash, en effet, concède la coréalisatrice. On y voit le capitalisme corrompre la société, détruire les valeurs et tout ce qui est sain, sacré. Les contradictions sont partout.»

Nommée aux Oscars pour son magnifique L’étreinte du serpent, la paire offre un nouveau poème cinématographique, orné cette fois de couleurs flamboyantes. Une réflexion sur le temps et la solitude, où les fantômes du passé semblent hanter chaque plan.

«Les deux films sont liés, c’est certain, admet Cristina Gallego. Ils explorent la connexion entre les communautés dans des univers principalement masculins, en laissant la place aux silences et aux minorités.»

«On montre les mœurs et les coutumes d’une façon rationnelle, mais en utilisant le rêve afin de comprendre ce qui se passe. Sauf que cette fois, ce n’est plus le point de vue des explorateurs ou du colonisateur : c’est un regard de l’intérieur.»

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