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After Life: toucher le fond et se trouver des raisons de vivre

Fugueuse

Il y a deux écoles par rapport aux productions de Ricky Gervais en télévision et sur scène: soit on aime sans compter, soit l’humour du Britannique nous laisse complètement indifférent. C’est le cas pour plusieurs créateurs, mais c’est quand même particulier avec Gervais, qui s’est construit une niche au fil des ans malgré un auditoire plus restreint si on le compare à ses contemporains.

Sauf que quand une nouveauté de son cru débarque sur Netflix, avec qui il a contrat exclusif de plusieurs années, c’est un événement. After Life était donc attendue et, en ce sens, la série de six épisodes écrite et réalisée par Gervais comble largement les attentes des fidèles déjà conquis.

After Life de Ricky Gervais
After Life de Ricky Gervais

Mais cette fois-ci il pourrait attirer l’attention d’un auditoire plus vaste, puisque ses thèmes sont plus universels et, surtout, il a mis de l’avant une sensibilité reléguée aux oubliettes quand on regarde ses numéros d’humour, par exemple.

After Life, donc, c’est l’histoire d’un veuf qui pleure la mort de sa femme foudroyée par un cancer. Il est à l’emploi d’un petit journal local, un papier hebdomadaire qui recueille surtout les aventures des résidants de la petite ville plus que l’actualité à proprement parler. Dans une forme de cul-de-sac depuis la mort de son épouse, les pensées suicidaires l’habitent et s’occuper de son chien devient son seul attachement à la vie. Il en profite alors pour dire et faire tout ce qu’il veut, heurtant au passage la sensibilité de ses collègues et des gens qu’il croise.

Mettre en images le deuil, c’est assez commun à la télé ou au cinéma. Difficile de tirer son épingle du jeu avec un sujet universel mais personnel à chacun comme la mort, puisque tous les deuils ne se vivent pas de la même façon. Il y avait un piège réel de simplement utiliser cette prémisse comme prétexte pour étaler des blagues acides, ce que Gervais sait si bien faire. D’ailleurs, le premier épisode pointe rapidement dans cette direction, et on se demande si l’aventure ne sera pas qu’une succession de blagues à efficacité variable.

Heureusement, la tendance se dissipe rapidement et l’humanité prend le dessus dans cette production. Le deuil de Gervais, ponctué de messages vidéos d’outre-tombe de sa femme fictive, se transforme en récit sur l’importance d’être, tant individuellement que collectivement. Sans perdre son humour acide, Gervais double sa proposition d’une sensibilité surprenante et il nous accompagne dans un chemin de croix inhabituel menant à une forme d’illumination pour son personnage endeuillé.

Pourquoi vivre quand la peine est si grande? C’est une grande question qui mènera la réflexion et, honnêtement, j’ai été particulièrement touché par les pistes de réponses offertes par Gervais en six épisodes. C’est drôle, bouleversant, juste et tout simplement humain. Des nuances rares appliquées avec une précision surprenante, un bel exemple de l’utilisation du médium télévisuel afin d’offrir une oeuvre intime, personnelle et poignante.

Ça se consomme comme un long film en rafale et vous devriez sauter dessus sans attendre.

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