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Contrer la désinformation, une fable à la fois

Les journalistes de l'émission Les Décrypteurs, Alexis De Lancer, Bouchra Ouatik et Jeff Yates. Photo: Karine Dufour

La désinformation peut avoir «des conséquences réelles» selon les journalistes de l’émission Les Décrypteurs, Alexis De Lancer, Bouchra Ouatik et Jeff Yates.

Une vidéo falsifiée de la politicienne américaine Nancy Pelosi où son débit a volontairement été ralenti pour donner l’impression qu’elle était en état d’ivresse est qualifiée par plusieurs comme étant «le canari dans la mine», a expliqué Alexis De Lancer. «C’est un signal qu’il faut faire attention avec ce qui peut se produire en 2020.»

Les médias traditionnels ne sont pas à l’abri des erreurs en raison de la vitesse et de la pression avec lesquelles le travail est effectué, a souligné M. De Lancer.

Un bulletin de nouvelles d’ABC News a présenté des images d’un stand de tir au Kentucky comme étant des images de la guerre en Syrie. Une enquête interne a été ouverte sur cette erreur, mais toujours pas d’explications d’ABC.

Bouchra Ouatik a expliqué que les fausses nouvelles misent sur la peur pour prendre naissance et se propager. «C’est quelque chose qui existe depuis la nuit des temps, a expliqué Mme Ouatik […]. Ça mène à toutes sortes de rumeurs qui peuvent être amplifiées par le bouche-à-oreille.»

Jusqu’en 1992, il était interdit de publier des fausses nouvelles, mais la Cour suprême a changé la législation. Les lois contre les fausses nouvelles sont souvent utilisées par les pays non-démocratiques pour punir les dissidents, a expliqué Bouchra Ouatik.

Twitter a récemment mis en place une politique bannissant les publicités électorales sur sa plateforme, alors que Facebook n’a toujours pas emboîté le pas.

Des «fables»

Non, la plus vieille fausse nouvelle de l’histoire du Québec à l’effet qu’une famille autochtone se soit adonnée à des actes de cannibalisme n’est pas vraie, même si l’histoire a été publiée dans les journaux.

Et non, le maire de Dorval n’est pas celui qui a tenu tête aux parents musulmans demandant le retrait du porc dans la cantine scolaire, l’histoire s’étant plutôt déroulée en France. Dorval reçoit à ce jour des lettres de félicitations, ont expliqué les décrypteurs. La nouvelle a été partagée au moins 400 000 fois, selon Jeff Yates. Des gens continuent tout de même de partager la nouvelle parce qu’elle représente «ce qu'[ils] croient».

Éducation à la désinformation

Des enseignants tentent de faire leur part pour contrer la désinformation en donnant des cours à leurs élèves, mais ils manquent de ressources. «Les jeunes ne demandent que ça, d’avoir des outils», évoque Alexis De Lancer. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec a mis sur pied un programme de sensibilisation dans les écoles, 30 secondes avant d’y croire, où des journalistes sont formés pour sensibiliser les élèves à détecter les fausses nouvelles.


Les Décrypteurs est présenté les vendredis à 20h sur RDI et sur Ici Tou.tv

sbouabdellah@journalmetro.com

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