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Amérikologie: le Brésil, autrement

Photo: Collaboration spéciale

Pour sa troisième saison, l’équipe d’Amérikologie a sillonné le Brésil, pays qui accueillera la Coupe du Monde de foot, qui accueillera les J.O. et qui a accueilli, pendant plusieurs semaines, cette bande de mordus de cinéma documentaire. Discussion autour d’un délicieux repas brésilien… et de quelques caipirinhas.

Il est midi à Montréal, à Rio pas beaucoup plus, mais c’est pas grave, santé! Sur le balcon, Maksim Morin, chef étoile du Chien Fumant, apprête les grillades. À l’intérieur, le mixologue Alexandre Genest prépare les caipirinhas. «Comme au Brésil!» En ce jour de semaine, dans les bureaux de Pimiento, situés dans Griffintown, il règne une ambiance chaleureuse.

Fondée en 2007, cette boîte de production montréalaise spécialisée dans le documentaire est composée de passionnés. Ce sont eux qui nous ont entre autres donné l’émission Afrikologie avec Boucar Diouf, puis trois saisons d’Amérikologie, dont la toute récente sera en ondes mercredi. «Cette année, on a atteint un certain sommet par rapport aux histoires qu’on raconte», note Luis Oliva.

Acteur qu’on a vu dans Tag et Providence, Oliva anime cette série qui nous fait voyager en Amérique latine, loin des clichés, loin des «Una cerveza fria, por favor!» «L’idée de départ, précise Orlando Arriagada, producteur, réalisateur et fondateur de Pimiento, c’était d’aller dans des secteurs où les touristes ne vont pas.» En gros, d’ignorer ostensiblement les sites déjà vus, les routes parcourues mille fois. Et de le faire en compagnie d’un «guide» qui, aussi allumé soit-il, ne soit pas forcément un connaisseur.

Ce guide, c’est donc Luis Oliva, qui, malgré ses racines latino-américaines (il est originaire du Guatemala), n’avait jamais vraiment visité le sud de notre continent. «Mon premier contact avec l’Amérique latine, c’est à travers Amérikologie», souligne-t-il. L’animateur devient ainsi, un peu, le visiteur que nous sommes aussi. Il dit d’ailleurs être à l’écran ce qu’il est dans la vie: «le clown, le nono, le curieux».

Et puisque, outre sortir de la fameuse carte postale, le but d’Amérikologie est également de présenter des gens inspirants, qui ont posé un geste, pour eux, pour leur communauté, Oliva nous fait découvrir par exemple Adaptsurf, une école de surf de Rio, sise sur les plages d’Ipanema, qui donne des cours de planche aux personnes qui ont un handicap. Dans un autre épisode, il nous présente une créatrice qui offre des cours de design de mode à des jeunes des favelas. Sur les visages des intervenants, on voit des sourires grands comme ça, des yeux qui brillent.

Fierté
Autour de la table, les membres de l’équipe se remémorent le tournage. De cette troisième saison, ils ont tous ramené des souvenirs, des rencontres, des instants. Chacun a eu un coup de cœur pour une ville et on assiste à quelques débats, lancés à la blague: «À Rio, c’était trop bien!» «Non, à São Paulo c’était mieux!»

Avec leur projet qui, vous l’aurez compris, s’arrête dans plusieurs endroits, les «Pimientistes» (employés de la maison Pimiento) ont voulu «montrer l’ingéniosité, la détermination, la résilience» des Brésiliens. lls rappellent toutefois que, s’ils souhaitent donner dans la lumière, ils ne veulent pas non plus occulter les soucis ou fermer les yeux sur la pauvreté. Dans sa narration, Luis Oliva mentionne certains problèmes, dont celui de l’embourgeoisement des favelas. Mais on est loin de ces portraits de far west du sud, de violence, d’absence d’espoir qu’on voit souvent. Les documentaristes se désolent d’ailleurs du fait que, lorsque les médias étrangers débarquent en Amérique latine, «c’est souvent pour parler de l’aspect du crime». «CNN, TV Globo, s’ils vont dans les favelas, c’est pour parler de la drogue. Mais nous, ça ne nous intéresse pas», lance Arriagada.

Pour le réalisateur et producteur, comme pour toute la bande d’ailleurs, il était primordial de ne pas donner dans ce qu’il nomme, avec un sourire, le documentaire «Regarde gringo!». Un style qui se résume à un touriste «qui débarque en Amérique latine et qui dit: ‘‘Regardez les pauvres comment ils vivent’’». «Le mot qui est revenu le plus durant ce tournage, c’est ‘‘dignité’, dit Arriagada. On a souvent posé la question aux intervenants: est-ce que ce que vous faites vous rend fiers? Et la réponse était toujours oui. Ils sont fiers de ce qu’ils font. Ils nous disent: ce n’est pas le gouvernement qui nous l’a donné, c’est personne. C’est nous qui avons construit les maisons, nous qui avons monté nos projets. Et ces projets permettent vraiment de mudar sua vida. De changer leur vie.»

  • Quatre étoiles

UNE Amérikologie équipeRaphaëlle Proulx, recherchiste

Ce qui vous manque le plus du Brésil depuis que vous êtes rentrée à Montréal? La langue portugaise, si mélodieuse, que j’aimais entendre au quotidien.
La ville pour laquelle vous avez eu un coup de cœur? Rio de Janeiro.

Orlando Arriagada, producteur et réalisateur

Votre ville coup de cœur? São Paulo. Pour son énergie, sa sensualité, ses couleurs, les graffitis.

L’équipe pour laquelle vous allez prendre à la prochaine Coupe du Monde? Je suis Chilien, je suis donc partagé entre l’équipe du Chili, qui a toutefois peu de chances de gagner, et l’équipe brésilienne!

Alain Fournier, directeur photo

Comment décririez-vous l’expérience que vous avez vécue durant le tournage d’Amérikologie – spécial Brésil? Pour moi, c’est la rencontre de gens inspirants qui essaient de changer le monde à petite échelle.

Ce qui vous manque le plus du Brésil depuis que vous être rentré? Sans hésiter la mer à Rio, l’océan et la chaleur!

Luis Oliva, animateur

La ville pour laquelle vous avez eu un coup de cœur? Salvador. Pour ses églises, son architecture, son ambiance. J’ai été conquis par la culture afro et par la simplicité de la ville, qui a su conserver précieusement ses traditions ancestrales.

L’équipe pour laquelle vous allez prendre à la prochaine Coupe du Monde? Le Brésil!

Amérikologie
À TV5
Le mercredi à 19 h 30 dès le 9 avril

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