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Les bacchanales littéraires de Loui Mauffette

Photo: Josie Desmarais/Métro

Certaines personnes ont la chance d’avoir eu une enfance de rêve. C’est le cas de Loui Mauffette qui, pour une 10e édition, se souviendra des nuits suspendues orchestrées par son père, le célèbre animateur de radio et poète Guy Mauffette.

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, tel est le titre des bacchanales littéraires imaginées par Loui Mauffette, ancien comédien et toujours attaché de presse du TNM, en hommage à son défunt père, dont l’émission-phare, Le cabaret du soir qui penche, était présentée sur les ondes de Radio-Canada.

D’un enthousiasme contagieux, le fils du célèbre animateur, décédé en 2005 à l’âge de 90 ans, s’est entouré d’une constellation d’amis, dont Anne-Marie Cadieux, Julie Le Breton, Maxime Denommée, Bernard Adamus, Ariane Moffatt et autres Kathleen Fortin. En tout, ce sont 30 artistes, 26 acteurs et musiciens qui forment la troupe de base et 4 invités spéciaux, qui reproduiront les moments suspendus que Guy Mauffette organisait lorsqu’il revenait à la maison avec ses amis bleutés de nuit. «J’ai créé ce spectacle lorsque mon père est décédé», explique Loui qui, bien qu’il ait étudié au conservatoire, a rapidement renoncé à jouer au théâtre en raison de «violents trous de mémoire».

«Je suis devenu attaché de presse par hasard. Je n’avais aucune expérience et je posais des affiches pour les spectacles de Michel Lemieux (Solid Salad). Un jour, Diane Dufresne s’est exclamée : “C’est qui le criss de fou qui gravite autour de la bande à Lemieux?”, puis elle est venue me chercher et je suis devenu son attaché de presse», se souvient Mauffette, qui a appris son métier sur le tas et travaille pour le TNM depuis plus de 25 ans.

Enfant de la balle, le petit Loui a donc assisté en resquilleur, caché sous la longue table de cuisine de la maison familiale à Dorion, aux déclamations nocturnes de son père et de ses amis poètes qui peinturluraient la feuille blanche de leurs vers incandescents, verre de rouge à la main. Bien des années plus tard, en 2005, alors qu’il lisait un texte de son père à ses obsèques en guise d’oraison, Loui a un flash! «Qu’est-ce que je fais à m’occuper des autres uniquement? Il faut que je m’occupe de moi et, surtout, que je rende hommage à mon père.» C’est ainsi qu’est né, en 2006, le spectacle en question.

«J’ai recréé l’immense table à pique-nique de la salle à manger, puis j’ai transformé la Cinquième salle de la Place des Arts de façon à ce que les spectateurs soient assis autour. C’est donc un peu la table de mon enfance avec la parenté, les enfants et, surtout, mon père qui débarquait la nuit avec des chanteurs d’ici et de France, comme Gilles Vigneault ou Guy Béart. Ma mère sortait son tablier et faisait à manger. Et autour de cette table magique, je me sers des poètes pour raconter mon histoire», s’enthousiasme Mauffette qui, en plus des ses amis comédiens et chanteurs, a convié les mots de Jim Morrison, d’Arthur Rimbaud, d’Émile Nelligan, de Marguerite Duras, de Geneviève Desrosiers, de Jean Genet et, bien sûr, de son père, en plus des chansons de Dédé Fortin, d’Ève Cournoyer et de vieilles chansons françaises.

«Je pensais que Marguerite Duras, c’était pour les bourgeois. C’est l’actrice Patricia Nolin qui me l’a fait découvrir. Elle fera La soupe aux poireaux, qui ressemble à une recette de cuisine mais qui, lorsque tu lis entre les lignes, est une recette de vie qui stipule que, si tu ne vas pas au bout de tes idées, de tes perceptions, ça ne vaut même pas la peine de vivre! Il y a donc divers degrés qui sont fascinants!» –Loui Mauffette, à propos d’un des textes de la programmation de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

Et Loui n’a-t-il pas peur de sombrer de nouveau dans les trous de mémoire? «Non, car je tiendrai les textes en main. Le poète est mis en évidence. C’est d’ailleurs l’idée qui m’a sauvé la vie», lance ce lumineux écorché qui, à l’instar d’un Léo Ferré, n’aime ni la morale ni les choses surlignées. Ça tombe bien…

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent
À la Cinquième salle de la Place des Arts du 8 au 15 mai

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