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King Dave: spirale infernale

Photo: Yan Turcotte\collaboration spéciale

Véritable ovni coup-de-poing dans le cinéma québécois, King Dave est mené à bout de bras par son cinéaste Podz et sa vedette Alexandre Goyette.

«Podz est arrivé sur le plateau en me disant: “Il faut que je réinvente mon métier. C’est comme si tout ce que je savais ne me servait à rien. C’est une nouvelle façon de faire”», se remémore Alexandre Goyette, auteur, scénariste et protagoniste de King Dave.

La phrase n’est pas banale. Surtout de la part de Daniel Grou, alias Podz, qui n’en est pas à un défi près, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Cette adaptation de la populaire pièce de théâtre avait tout pour le séduire. Il y est question de masculinité à travers le destin d’un douchebag abîmé par la vie qui finit par perdre la maîtrise de son existence à cause de ses mauvaises décisions. Son univers entier est là, de Minuit, le soir à Miraculum.

Il fallait trouver la bonne façon de transposer ce récit à l’écran. Cela a pris 10 ans. Au départ, il était question de tout recréer en studio en recourant à des fonds verts. L’idée a été abandonnée pour utiliser des décors naturels et opter pour pratiquement un seul plan-séquence. Pas un faux comme dans Birdman, mais un vrai où le héros déambule dans la ville comme dans le long métrage allemand Victoria. La tentative avait déjà été faite au Québec par David La Haye dans ses deux J’espère que tu vas bien, sans prétendre à la même ambition. En effet, avec 150 figurants et 13 troisièmes aides-réalisateurs, selon Alexandre Goyette, le défi était colossal. Même pour Podz, qui en a ébloui plusieurs avec son fameux plan-séquence dans la série 19-2. Les chorégraphies devaient être exécutées au quart de tour et il y a eu cinq prises.

«La proposition qu’on a, c’est tout sauf des compromis.» –Alexandre Goyette Scénariste et auteur de la pièce originale

La peur pouvait être grande de verser dans l’esbroufe et l’exercice de style tape-à-l’œil. Pas selon son créateur. «Dave part sur sa voie et on le suit d’un souffle, explique le metteur en scène, qui s’était barré le dos le jour de notre rencontre. La crainte que cette technique-là prenne le dessus n’existe pas pour moi, car c’est toujours l’histoire qui est la plus importante.»

Une histoire qui brouille volontairement les unités de lieu et de temps. Le héros passe son temps à commenter ce qui lui arrive à la caméra, et cet aspect théâtral risque d’en déstabiliser plus d’un. «Normalement dans un film, le cinéaste est en train de te créer une illusion, rappelle Podz. Tu t’assois au cinéma et là, tu vas être ailleurs. Tu vas être dans la réalité de ces personnages-là, tu vas oublier qui tu es. Mon film n’est pas en train de te dire ça. Il te dit que tu es en train de regarder un film. C’est artificiel, mais en même temps je veux que tu vives de quoi. Je trouve que ça s’inscrit bien dans l’air du selfie, de la téléréalité et tout ça.»

Avant-gardiste

King Dave fera l’ouverture de Fantasia, ce qui satisfait particulièrement son réalisateur. «Je trouve ça cool que ce film-là sorte dans un festival de genre, admet Podz. Dans l’histoire du cinéma, dans Caligari ou Nosferatu notamment, c’est dans les films de genre qu’on a essayé formellement de faire des choses nouvelles qui ont été appréciées par des fans avant que ça entre dans le mainstream ou dans le cinéma d’art… Au cinéma en général, on ne court pas assez de risques. On ne niaise pas assez avec la forme. Et je pense qu’on devrait.»

King Dave
Présenté à Fantasia le 14 juillet et en salle le 15 juillet

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