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Breakdance inclusif, sans excuse et sans limite

Photo: Gracieuseté Les Grands Ballets

«Pas d’excuse, pas de limite.» C’est le message de Luca «Lazylegz» Patuelli et sa troupe Ill Abilities. Les huit danseurs qui la composent proviennent de sept pays différents. Unis par le breakdance, ils ont un petit quelque chose qui les distingue d’autres équipes du genre: chacun d’entre eux présente un handicap physique. 

Lazylegz, que vous avez peut-être vu à Révolution, est lui-même né avec l’arthrogrypose, un trouble musculaire qui lui demande de se promener avec des béquilles. Redouan «Redo» Ait Chitt de la Hollande est venu au monde avec des déformations un peu partout sur son corps. Sergio «Checho» Carvajal du Chili n’a pratiquement pas de jambes, mais a ses deux pieds. Lucas «Perninha» Machado du Brésil a une jambe sous-développée. 

Pour d’autres, le handicap ne date pas de la naissance. Jung Soo «Krops» Lee de la Corée du Sud a réappris à marcher après s’être cassé le cou durant une pratique de danse. Jacob «Kujo» Lyons des États-Unis est devenu complètement sourd. Samuel Henrique «Samuka» da Silveira Lima, également du Brésil, a été amputé d’une jambe à cause d’un cancer du fémur durant l’enfance. Et le tout nouveau membre de la troupe, le Français BBoy Junior, ou de son vrai nom Junior Bosila Banya, a contracté la polio à l’âge de deux ans, son corps en portant encore les traces.  

«La danse nous a donné la confiance de croire en nous-mêmes, explique Lazylegz à Métro. Ça nous a guidés à utiliser nos différences comme nos forces.» 

Troupe internationale, racines montréalaises 

Ill Abilities était de passage à Montréal plus tôt cette semaine pour conclure sa première tournée depuis la pandémie, juste avant de s’envoler vers le Japon pour ouvrir un spectacle de Katy Perry.  

La métropole, c’est la ville où Luca «Lazylegz» a conçu la troupe et l’a rassemblée pour son premier spectacle, il y a plus de dix ans. Né à Montréal de parents italiens, il a grandi à Washington DC où il s’est adonné au skate, qu’il pratiquait à genoux jusqu’à ce qu’une opération l’en empêche. C’est à ce moment, alors adolescent, qu’il a découvert le breakdance.  

«Je suis vraiment tombé en amour avec la culture, avec l’idée de créer des mouvements avec son corps et avec la possibilité d’utiliser ma différence comme une force, raconte-t-il. Il y avait des mouvements que j’étais incapable de faire, mais peu importe: il y en avait d’autres que je pouvais faire et que mes amis n’étaient pas capables de faire.» 

De retour à Montréal à la fin de l’adolescence, Luca a commencé à s’impliquer dans des compétitions internationales au début des années 2000. C’est ainsi qu’il a, au fil des années, rencontré d’autres danseurs qui, comme lui, misaient sur leur handicap et savaient faire du breakdance de haut niveau. Pour les réunir en n’ayant «pas de moyens, pas de commandites, pas de subvention», il demandait aux promoteurs de dance battles de payer un billet d’avion à ses coéquipiers plutôt que de lui verser un salaire.  

Les Grands Ballets et plus loin encore 

Ça a porté fruit. Depuis cinq ans, Les Grands Ballets collaborent avec Lazylegz via le Centre national de danse-thérapie (CNDT), une division de la compagnie réputée entre autres pour son annuel Casse-noisette.  

«Je suis fier de ma collaboration avec Les Grands Ballets, parce qu’historiquement, ils ne sont pas les plus inclusifs, souligne Luca Patuelli. Dernièrement, ils ont fait beaucoup de travail pour encourager l’inclusion. En 2018, Ill Abilities a organisé le premier événement de hip-hop et c’était aussi la première fois que des danseurs handicapés dansaient sur leur scène.» 

C’est avec cette institution qu’il organisera dès cet hiver des ateliers de danse destinés aux personnes en situation de handicap. Plusieurs de ses élèves étaient d’ailleurs à l’Édifice Wilder – Espace danse, mardi soir, à l’occasion du spectacle de Ill Abilities. La soirée, qui comportait aussi un cocktail pour l’annonce du nouveau membre de la troupe et une compétition de breakdance conviant des gens avec ou sans handicap, rassemblait des personnes de tous les horizons.  

Si les membres de Ill Abilities sont des danseurs professionnels dont les prouesses épatantes n’ont rien à envier à celles des gens qui ont leurs 10 doigts ou le plein usage de leurs jambes, Lazylegz encourage tout le monde à danser. Une femme de petite taille, un homme en fauteuil roulant et plein d’autres personnes en situation de handicap compétitionnaient à chances égales avec des gens sans limitation physique.  

«Je crois qu’il y a un message qui peut aller plus loin que juste dans la communauté de la danse. “Pas d’excuse, pas de limite”, ça ne doit pas juste être les personnes avec un handicap qui pensent ça. C’est un message universel», conclut Luca «Lazylegz» Patuelli. 

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