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Pour emporter: un nouveau terrain de jeu pour France Beaudoin

Pour emporter
Pour emporter Photo: ICI ARTV

Quand ICI ARTV a annoncé la venue imminente d’une émission de grandes entrevues menée par France Beaudoin, j’étais soudainement attentif à la proposition.

Je dis soudainement parce qu’au Québec, le format est un peu fatigué depuis quelques années puisqu’on sort difficilement de nos vieilles pantoufles. Ça finit toujours par se ressembler un peu et, au final, l’appréciation de l’entrevue est en fonction de notre appréciation de l’artiste. L’art de sortir des confidences intéressantes pour faire des découvertes s’est un peu perdu dans le marais de la variété.

Est-ce que France Beaudoin, en ondes depuis vendredi dernier, est un antidote à cette disette avec sa nouveauté Pour emporter? Non, mais un peu par moments.

Et ça me suffit pour l’instant.

Lors du premier épisode avec Serge Denoncourt, Pour emporter annonce rapidement ses couleurs. Un décor moderne, des entrevues tournées le soir dans une ambiance plus détendue, une foule complice et un invité rapidement à l’aise. France Beaudoin mène un plateau chaleureux et on comprend vite que la méthode fonctionne. Lors du deuxième épisode, avec la toujours généreuse Maripier Morin, le ton convivial s’invite très rapidement et la discussion coule très bien.

C’est la force de l’animation de France Beaudoin, mais c’est surtout la démonstration concrète qu’une bonne oreille, lors d’une entrevue, peut vous mener loin. Sans lancer personne sous le train, disons que plusieurs animateurs au Québec sont plus concentrés sur l’itinéraire de leurs discussions plutôt qu’à l’écoute de l’invité. Les questions sont écrites d’avance et on sait où on veut aller avant même de s’assoir dans les fauteuils. Beaudoin, entre deux rires, nous donne l’impression de ne pas avoir d’intention ou de plan. Seulement quelques mots-clés pour lancer l’entrevue et ensuite, on surfe sur la discussion.

Ça fait changement et ça fait du bien.

Évidemment, on ne peut pas mener une entrevue sans préparation et sans avoir quelques sujets prédéterminés. Ceci dit, on peut les inclure sans les forcer, et France Beaudoin le réussit très bien. On sent son expérience et sa belle ouverture aux confidences de ses invités, forgée sur le plateau d’En direct de l’univers. Ici, dans un contexte différent, elle utilise cette intimité qu’elle développe rapidement afin de nourrir ses entretiens.

Cela dit, je me passerais du pianiste et de l’emballage des entrevues. On veut en faire un «show de TV» et c’est plus agaçant qu’autre chose. Je comprends l’idée de différencier la production, mais comme avec Y’a du monde à messe, ça nous éloigne de l’intérêt réel d’un plateau du genre: la conversation.

Jetez-y un œil, ne serait-ce que pour le plaisir de vivre de longues conversations sans l’obligation d’alimenter un concept de nostalgie ou d’archives de l’artiste. On jase, point barre. De la bonne télévision lente.

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