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«C’est comme ça que je t’aime»: un chef-d’œuvre d’audace

Fugueuse

Après Les invincibles et Série noire, François Létourneau et Jean-François Rivard se sont retrouvés afin de nous offrir le joyau de leur collaboration: la nouvelle série C’est comme ça que je t’aime.

Offerte intégralement dans la portion Extra d’ICI Tou.tv, cette comédie dramatique nous plonge dans le Québec des années 1970 avec – comme toujours dans le cas de ces deux créateurs – une ambiance singulière, des dialogues percutants, des rebondissements aussi surprenants qu’inventifs et un souci du détail à rendre jalouses les autres productions sur nos ondes.

C’est comme ça que je t’aime est une série sur les petites magouilles, les rapports familiaux, le couple, l’amitié et le Québec trouble de l’après-crise d’Octobre en 1970. C’est aussi un véhicule splendide pour des personnages féminins forts et déterminants, notamment celui de Huguette. Son interprète, Marilyn Castonguay, vole chaque scène tant elle incarne avec aplomb cette criminelle atypique de la banlieue de Québec.

Texte riche et dense

Vous vendre C’est comme ça que je t’aime et vous convaincre de la visionner serait lui faire une grave injustice parce que j’oublierais immanquablement des détails. C’est de loin la série de l’année au Québec et un bel exemple montrant qu’on peut se donner les moyens de ses ambitions sans verser dans les fictions beiges afin de rallier beaucoup de gens sans froisser personne.

C’est de loin la série de l’année au Québec et un bel exemple montrant qu’on peut se donner les moyens de ses ambitions sans verser dans les fictions beiges afin de rallier beaucoup de gens sans froisser personne.

Létourneau et Rivard osent, surprennent et assument chaque virgule d’un texte dense, riche et percutant.

Leur voyage dans le temps est ponctué de clins d’œil aux bons endroits pour faire vibrer notre fibre nostalgique sans toutefois pécher par excès.

On reconnaît les lieux, les marques, les références culturelles, et ce n’est ni plaqué ni forcé. Tous ces liens coulent dans le récit, et la spirale infernale des quatre personnages principaux reste au cœur de l’aventure malgré l’impeccable travail de recherche de lieux et d’objets d’antan.

On pourrait chercher des fils qui retroussent dans l’aventure, mais on bouderait certainement notre plaisir. Vous allez entendre des comparaisons avec les frères Coen, par exemple, mais je préfère mettre en avant que Létourneau et Rivard ont développé une signature d’un projet à un autre; vous allez reconnaître leur voix singulière dans cette série à quatre mains.

C’est comme ça que je t’aime n’est pas «comme» un film des frères Coen, c’est plutôt le chef-d’œuvre que MM. Létourneau (scénario) et Rivard (réalisation) mijotaient depuis des années.

Soulignons leur admirable travail de création et d’originalité et plonger sans réserve dans l’aventure. C’est rare qu’on puisse vraiment parler d’une série d’ici qui ne donne pas l’impression d’être «usinée» pour la télévision avec peu de moyens et sans trop de risque. C’est comme ça que je t’aime pourrait aboutir sur Netflix, séduire le monde sans complexe et faire rayonner notre expertise à l’étranger.

Sans dire que toutes nos séries devraient ressembler à C’est comme ça que je t’aime, tous nos créateurs devraient s’inspirer de l’audace de Rivard et de Létourneau et assumer leur vision. Au final, le résultat à l’écran est bonifié, et le public se trouve gâté par une production marquante qui résistera à l’épreuve du temps.

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