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L’accusation d’islamophobie: une arme redoutable dans une société multiculturaliste

Photo: Istock/Angelina Bambina
Andréa Richard et Romain Gagnon

LETTRE OUVERTE – Le mot misogynie provient des mots grecs mîsos et gyno qui signifient respectivement haine et femme. Donc, la misogynie est la haine des femmes. Comme toute forme de haine, elle doit être conspuée.

Cependant, les mots islamophobie et agoraphobie proviennent du mot grec: phóbos qui signifie frayeur ou crainte. Ainsi les agoraphobes craignent les foules alors que les islamophobes craignent l’islam.

Dans le premier cas, il s’agit d’une peur non fondée qu’on peut plaindre mais certainement pas blâmer. Dans la même manière, doit-on blâmer les islamophobes parce qu’ils craignent l’islam? Et dans ce cas-ci, s’agit-il vraiment d’une peur non fondée?

Le traitement des femmes en Afghanistan depuis le retrait des troupes américaines ou encore le chef d’entreprise récemment brulé vivant au Pakistan n’apaisent en rien cette phobie de l’islam. De façon générale, les atrocités commises au nom d’Allah au XXIe siècle ne relèvent pas de l’imaginaire.

D’aucuns me répondront que les musulmans en occident ne perpétuent pas de tels crimes. Pourtant Mohamed Shafia, un Afghan immigré à Montréal, a froidement assassiné ses trois filles et sa première femme en 2009 parce qu’elles n’adhéraient pas aux strictes prescriptions du Coran et l’an dernier, le professeur français Samuel Paty a été décapité parce qu’il a osé montrer des caricatures de Mahomet à ses élèves. Sans pour autant ostraciser la communauté musulmane, ces exemples parmi tant d’autres démontrent qu’il faut demeurer prudent face au mouvement politique qu’est l’islamisme.

L’islamophobie est revenue à la une au Québec le mois dernier avec l’enseignante de la commission scolaire Chelsea mutée à des fonctions administratives à cause de notre loi sur la laïcité. Pourtant, la commission scolaire Chelsea impose un code vestimentaire à ses élève et professeurs qui interdit notamment de couvrir ses cheveux avec un chapeau ou un capuchon. Or, cette politique n’est justifiée que par l’étiquette vestimentaire. N’est-il pas plus légitime de bannir le prosélytisme religieux dans une école, a fortiori le hijab, un symbole hautement sexiste qui heurte de plein fouet nos valeurs d’égalité homme-femme?

De plus, nulle part le coran n’exige le port du hijab et d’ailleurs, plusieurs musulmanes ne le portent pas. Madame pouvait certainement continuer à enseigner à condition de retirer son hijab quelques heures par jour mais elle en a choisi autrement. Son identité n’est aucunement en jeu ici mais son dessein politique a nettement préséance sur sa passion pour l’enseignement.

Une majorité de québécois musulmans appuient d’ailleurs la loi 21. Ils ont fui pour la plupart un pays où justement la collusion de la religion avec l’état a mené aux pires injustices qu’ils ne veulent pas revivre dans leur pays d’accueil.  Des musulmanes célèbres comme Djemila Benhabib et Yasmine Mohammed sont même intervenues dans les médias afin de reprocher à Justin Trudeau d’exploiter politiquement le sort de cette enseignante. Allons-nous aussi accuser ces musulmans et musulmanes d’islamophobie?

Comme nous le disions plus tôt, ce n’est pas la communauté musulmane qu’il faut craindre mais bien le mouvement politique radical qu’est l’islamisme. Or, l’enseignante en question ne s’est que récemment convertie à l’islam. Qu’une canadienne libre qui a gouté à l’égalité des sexes décide délibérément d’adhérer à une religion au XXIe siècle qui dénigre son genre a de quoi laisser perplexe; nous avons sûrement affaire ici à un cas d’intégrisme religieux. Et c’est précisément le genre d’individus qu’on veut éloigner de nos enfants alors qu’ils sont encore influençables et vulnérables.

Plus récemment, l’éminent pédiatre Montréalais, Dr Sheri Emil, réagissait à une photo publiée en couverture du Journal de l’Association médicale canadienne (CMAJ) sur laquelle une jeune fille portait un hijab. Dans un article publié dans la même revue, intitulé «N’utilisez pas un instrument d’oppression comme symbole de diversité et d’inclusion», il faisait pertinemment valoir qu’on interdit généralement à une jeune enfant portant le hijab de faire du vélo, de nager ou de participer à d’autres activités qui caractérisent une saine enfance. On lui apprend très tôt qu’elle est un objet sexuel, et qu’elle doit cacher ses traits féminins au sexe opposé. Selon le pédiatre, un lourd fardeau de pudeur repose ainsi sur ses épaules, et plusieurs femmes ont été traumatisées par une telle éducation, qui, selon lui, frise la maltraitance infantile.

Le pédiatre et la revue médicale ont aussitôt été accusés d’islamophobie. Cette dernière s’est excusée et a retiré l’article du Dr Emil, ce qui démontre l’effarante efficacité de la censure de nos jours. Pourtant, le Dr. Emil a simplement émis une opinion médicale en sa qualité de spécialiste des enfants.

Bref, avec la mode woke actuelle, les accusations d’islamophobie fusent désormais à tort et à travers. C’est devenu l’un des outils les plus efficaces pour neutraliser un ennemi politique. Le Conseil national des musulmans Canadiens ne se gêne d’ailleurs pas pour s’en servir.

Andréa Richard
Auteure et membre de PDFQ (pour les droits des Femmes Qc.)

Romain Gagnon
Auteur et ingénieur

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