Ramdane Touhami: caméléon des garde-robes
Dans le métro ou sur la rue, certaines personnes ressortent du lot en raison de leur style créatif qui ne repose absolument pas sur les logos des designers. Comment, exactement, cultivent-ils leur marque de commerce personnelle?
Cette semaine, zoom sur un vrai caméléon des garde-robes. Ramdane Touhami a un style vestimentaire pour chacune de ses activités professionnelles. Il y a le très classique Ramdane, propriétaire et directeur artistique de Cire Trudon, cirier français adulé depuis des siècles, en particulier dans le monde de la mode. Ensuite, il y a le Ramdane décontracté, qui est rédacteur en chef de l’édition française du magazine Intersection.
On rencontre aussi un flamboyant dandy, car Ramdane a ouvert récemment le restaurant L’africain à Tanger (il partage la moitié de son temps entre la ville côtière marocaine et Paris). Enfin, il ne faut pas oublier le Ramdane assidu qui dessine sa propre ligne de vêtements, et même des costumes d’opéra à l’occasion. «J’ai un ensemble pour chaque emploi, explique-t-il. Et j’ai beaucoup d’emplois! Si j’ai une idée, j’aime bien le faire moi-même. C’est un problème, je sais!» Nous lui avons demandé de poser un regard sur ses multiples personnalités.
Le dandy
«Je suis toujours en train d’essayer de nouvelles choses. Je suis très dynamique. Je change entièrement mon habillement en fonction de ce que je fais. Par exemple, aujourd’hui, j’ai des rencontres de presse pour Cire Trudon. Je dois donc avoir l’air classique et distingué. Cependant, la base reste la chemise. J’ai découvert Charvet, cette très célèbre boutique de chemises. À l’époque, ils habillaient les rois. Je viens d’en acheter cinq la semaine dernière. Je possède environ 300 chemises, toutes faites sur mesure. Je les porte chaque jour. J’aimerais bien lancer un club de chemises où nous pourrions parler de l’état des chemises dans le monde (rires).»
Le gars décontracté
«Quand j’arrive dans la salle de rédaction du magazine, je suis beaucoup plus décontracté. Et j’ai l’habitude de me vêtir de manière plus détendue aussi. En 1992, j’étais un punk. Ensuite, de 1995 à 1998, j’avais un look hip-hop. Je portais une veste jaune et j’avais toujours une brosse à dents dans la bouche. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. C’était de la folie, mais ça faisait partie de mon style. En 1997, je suis allé au Japon et j’ai découvert le denim. Pendant les années qui ont suivi, je n’ai porté que du denim japonais. D’ailleurs, j’ai lancé ma collection de vêtements, RT, avec des amis nippons. Aujourd’hui, 95 % de ce que je porte, je l’ai dessiné.»
L’excentrique
«Quand je suis à Tanger dans mon restaurant, je dois jouer les dandys des années 1950. Un dandy à l’italienne, comme Giovanni Agnelli (l’ancien président de Fiat). C’est très coloré. Par exemple, je peux porter une chemise bleue et des pantalons blancs ou roses. Des pantalons roses, une chemise bleue, une cravate rouge et une veste verte. Je porte toutes les couleurs que je peux. J’aime aussi les cravates tricotées. Je préfère ne pas m’inspirer des défilés de mode, mais plutôt explorer mes idées. Pour moi, les gens qui suivent les tendances ne sont pas capables de développer leur propre style.»