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Registre des loyers: encore du chemin à faire

Photo: iStock / Anatoli Igolkin

Une semaine après avoir été dévoilé, le registre des loyers de l’organisme Vivre en Ville compte plus de 22 000 enregistrements, soit une moyenne de 1000 enregistrements par jour ajoutés aux 15 000 enregistrements déjà cumulés au lancement. Le directeur-habitation de Vivre en Ville, Adam Mongrain, peut dire mission accomplie pour son objectif de «changer la conversation sur le registre des loyers» en montrant qu’un tel outil est «possible, utile et pas cher». Mais il y a encore du chemin à faire pour qu’un impact réel se fasse sentir sur le marché de l’habitation.

Le registre des loyers qui a pour but de dresser un portrait juste du marché immobilier pour freiner la hausse des loyers doit être «exhaustif» pour être pertinent. «Les marchés en habitation, ce ne sont pas des marchés municipaux. Si une seule région adopte le registre, on perd des bénéfices anticipés et on n’exprime pas la réalité», admet M. Mongrain. Pour que l’outil ait des «conséquences», il faut «trouver un gouvernement qui va le saisir et en faire le sien». L’organisme a d’ailleurs construit l’outil comme si il était le gouvernement lui-même, de manière à ce qu’il soit «conforme aux standards». «Si c’était juste pour nous, ça n’aurait pas coûté aussi cher», partage M. Mongrain.

L’acheteur est frileux

Le responsable de l’habitation du comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, juge que l’outil de Vivre en ville «démontre que la solution existe et peut rapidement être implantée par le gouvernement». La ville ne semble toutefois pas intéressée à adopter l’outil. Montréal travaille déjà sur son propre registre, mais «étudiera avec grand intérêt l’outil de Vivre en ville pour cette fin».

Comme l’organisme Vivre en ville M.Dorais voit l’utilité réelle du registre des loyers que s’il est déployé au niveau provincial. Il espère que «la création de cet outil insuffle l’impulsion nécessaire pour qu’il soit adopté à l’échelle québécoise».

Malgré des efforts et de la volonté, le registre des loyers n’a pas encore convaincu la ministre responsable de l’Habitation France-Élaine Duranceau. Elle «salue l’initiative», mais n’envisage pas de l’adopter. Selon la ministre, un tel outil pourrait rendre la spéculation immobilière plus accessible et augmenter les risques de rénovictions, partage son attaché de presse Philippe Couture.

Adam Mongrain envisage toutefois un impact différent à la suite d’une application exhaustive du Registre des loyers.

Considérant que la rénoviction vise à se débarrasser d’un locataire pour en trouver un autre à qui on chargera plus cher, si tout le monde a accès à l’info du prix le plus récent payé par les locataires, ça enlève des incitatifs à la rénoviction

Adam Mongrain, directeur-habitation de Vivre en ville.

Si les bénéfices ne sont toutefois pas au rendez-vous, admet le directeur-habitation de Vivre en Ville, qui surveille activement le marché immobilier, «on va être les premiers à tirer sur le fil». Il croit néanmoins que la solution partielle à la crise du logement qu’est le registre des loyers mérite d’être tentée.

«On ne s’attend pas à ce qu’un gouvernement se mouille s’il n’y a pas d’appui de la population», admet M. Mongrain. Selon lui, une démonstration de force convaincante qui pourrait changer l’avis du gouvernement serait de cumuler «100 000 enregistrements d’ici la fin de l’année».

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