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Rentrée scolaire: se relever pour réussir

Jessica fait sa rentrée scolaire à l'école Félix-Antoine
Après un parcours chaotique, Jessica veut terminer son secondaire cette année afin de se diriger en technique animalière. Photo: Amine Esseghir

C’est la rentrée scolaire pour Jessica. À 32 ans, elle veut terminer son secondaire pour aller au cégep. Elle sait que l’âge n’a rien à voir avec la volonté de s’en sortir.

Il ne lui reste plus qu’à passer son anglais et ses maths. Ce sera les deux dernières matières pour cette rentrée scolaire avant de recevoir son diplôme d’études secondaires (DES). Ensuite, elle se dirigera vers une technique en soins animaliers.

Jessica a atterri à l’école Felix-Antoine, un établissement situé à Ahuntsic, géré par des enseignants retraités bénévoles, il y a trois ans. «Sans l’école, je n’aurai jamais pu m’en sortir, confie-t-elle. Les gens sont compréhensifs. Tout le monde a le cœur sur la main.»

En plus des classes, on y fait du dépannage alimentaire à la rentrée scolaire pour ceux qui en ont besoin, et bien plus. «Il y a des bénévoles qui vont cogner à la porte de la maison des élèves qui s’absentent pour leur dire ‘viens-t’en’», raconte l’étudiante.

Sans travail, Jessica a pu être recrutée pour un petit salaire qui lui permet de garder la tête hors de l’eau. «J’ai pété les plombs quelques fois, avoue Jessica. J’ai beaucoup de caractère et ils m’ont acceptée comme je suis.»

De loin

Jessica n’a pas eu de bons rapports avec l’éducation dans sa jeunesse, qu’elle a passée dans Lanaudière. Elle a décroché à 17 ans, en troisième année du secondaire. Après le divorce de ses parents, elle s’est retrouvée prise entre un père alcoolique et une belle mère qui a fondé une nouvelle famille.

«Mon père a été violent. Je me suis dit que c’était la dernière fois. Deux mois après mes 18 ans, je suis partie en appartement», dit-elle.

Installée à Montréal, sans qualification, elle enchaîne les petits boulots mal payés et difficiles à faire. «J’ai travaillé dans les bars, dans les salons d’esthétique, dans les restaurants, j’ai fait tout ça.»

Après six ans à errer sans but, elle tente une première fois de remettre le pied à l’étrier.

«J’ai trouvé une nouvelle colocation, j’ai clairé mes impôts et je suis allée me chercher un DEP [diplôme d’études professionnelles].»

Jessica s’inscrit à une formation de secrétaire médicale qu’elle abandonnera très vite. Son colocataire, un homme de 62 ans, vit de graves problèmes de santé mentale et croit être amoureux d’elle. Elle assiste même à une de ses tentatives de suicide.

La jeune femme sombre alors dans la consommation de drogue et d’alcool. Sa vie chaotique se poursuit jusqu’à ses 29 ans.

«Je n’avais pas les moyens de résister physiquement et psychologiquement. Je me suis mise aussi avec des gens pas trop recommandables», avoue-t-elle.

Pour étudier, il faut que ta tête soit là. Si tu n’es pas là psychologiquement, on te donnerait le meilleur enseignement possible, ça ne rentrera jamais dans ta tête. – Jessica.

Quand elle découvre l’école Félix-Antoine, elle n’est pas au bout de ses malheurs. «On m’a diagnostiqué une hidrosadénite suppurée.» Appelée aussi maladie de Verneuil, elle est très handicapante avec ses abcès douloureux sous la peau dont s’écoule parfois du pus.

Elle attrape en plus la bactérie mangeuse de chair, échappe à un accident de voiture et souffre par conséquent de dépression.

Elle s’est relevée et pour Jessica, l’environnement scolaire lui permet aujourd’hui d’appréhender l’avenir avec sérénité.  «Même si tu es en échec, on t’encourage jusqu’à ce que tu réussisses», soutient-elle.

Du parcours difficile qu’elle a eu, elle ne veut garder que son caractère de battante qui lui permet aujourd’hui de s’en sortir.

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