Créer les grilles de mots croisés pour ceux qui les font

Les mots croisés, un jeu de lettres présent dans les journaux et les magazines depuis de nombreuses années, permettent aux amateurs de s’exercer dans une activité d’apprentissages à l’aide des différentes définitions. Le travail de ceux appelés les verbicrucistes, bien que peu connu, occupe pourtant des milliers de cruciverbistes chaque jour.

Réunis grâce à une même passion, les premiers créent les grilles de mots croisés, alors que les seconds vont passer plusieurs heures à tenter de les déchiffrer par tous les moyens possibles.

Afin d’être un bon verbicruciste, il faut avoir une bonne imagination pour trouver des définitions uniques et connaitre un grand nombre de mots afin de diversifier le jeu de lettres.

La première étape consiste à trouver une potence, c’est-à-dire, le premier mot de chaque ligne horizontale et verticale. Ensuite, les mots suivants vont dépendre des possibilités dans un sens comme dans l’autre.

Même s’il n’existe aucun cours pour devenir verbicruciste et que les possibilités d’emplois sont minces, cela n’a pas empêché Nicole Hannequart de travailler dans le domaine pendant 40 ans. Elle a notamment fait bouger son crayon de nombreuses fois au sein de plusieurs publications québécoises comme Le Journal de Montréal et Échos Vedettes.

«C’est hallucinant comment, avec 26 lettres de l’alphabet, on peut faire des quantités de grilles de mots croisés. Même en partant de la même potence», explique Mme Hannequart.

«[Créer une grille], c’est comme une partie d’échecs. […] On doit toujours penser deux, trois ou quatre coups en avance.» – Nicole Hannequart

D’ailleurs, en faisant du ménage dans sa maison, elle dit avoir mis la main sur des jeux de lettres datant de plusieurs dizaines d’années.

«J’ai trouvé des milliers de grilles de mots croisés manuscrites. Il n’y en avait pas deux pareils», raconte-t-elle.

Histoire de famille

Son père, Maurice Hannequart, a été verbicruciste. Puis, Nicole a suivi les traces du paternel à la fin des années 1970. Son frère y a également trouvé son comble en y découvrant une passion.

«Je ne faisais jamais les mots croisés de mon frère pour éviter d’être influencée. […] On finit par se distinguer avec un style», dit Mme Hannequart.

Maintenant à la retraite depuis juin 2019, elle avoue avoir du plaisir à faire les jeux de lettres des autres.

Celle qui a fait des études en littérature dit qu’elle serait probablement devenue professeure si elle n’avait pas été verbicruciste, car elle partager ce qu’elle apprenait chaque jour.

Adaptation

Au cours de sa carrière, Mme Hannequart a rencontré certains défis. Notamment, l’arrivée des nouvelles technologies et des ordinateurs permettait maintenant à des logiciels de créer des cases de mots croisés.

Elle explique que le manque de personnalisation et la répétition des définitions sur un ordinateur rendent le résultat moins bon. Selon Mme Hannequart, le travail d’un humain est donc de meilleure qualité.

«J’ai toujours fait ma grille avec un papier, un crayon et une gomme à effacer. […] Vers la fin, j’étais considérée comme un dinosaure», admet-elle.

Si essayer de résoudre un jeu de lettres peut être un défi pour certaines personnes, les créer peut devenir tout un casse-tête pour les verbicrucistes.

«Le plus difficile, c’est d’avoir l’imagination pour créer des définitions originales qu’on ne trouve pas dans le dictionnaire […], mais aussi de respecter un niveau de difficulté», souligne la verbicruciste.

Nicole Hannequart a de nombreux ouvrages derrière le crayon, comme Le Tricolore en Mots Croisés et Le Québec en 1608 cases, faisant notamment référence à la fondation de la Ville de Québec.

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Plus grand nombre de cases dans une grille de mots croisés par Nicole Hannequart.