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Kai Nguyen, le faiseur de poké bols souriant qui a conquis Côte-des-Neiges

Si sa cuisine est bonne, c’est peut-être sa philosophie de vie «zen» qui est à l’origine de son succès. Le sourire de Kai Nguyen, le patron du restaurant Pokai, dans Côte-des-Neiges, est un aimant à clients, comme nous l’ont rapporté ses habitués. Au-delà d’un bon bánh mì ou d’un bol poké, ils viennent y chercher la bonne humeur. Et de ça, Kai en a à revendre.

«Je traite tout le monde comme une famille. Après que les gens entrent dans le restaurant, ils parlent avec moi – on discute, on échange des idées et nos expériences dans la vie. Les gens me traitent comme un ami et une famille. On contribue à la relation ensemble, et les gens ont l’air contents de ça», résume-t-il.

De temps en temps, j’aide les gens à déstresser. J’ai un caractère très «zen» et pour moi, la vie est très logique. Il faut apprendre de ce qui nous arrive. Une fois que c’est fait, on sait comment le chemin peut partir et on devient capable de faire plus de choses…

Kai Nguyen, propriétaire du restaurant Pokai

Une cliente rencontrée par Métro lors de notre visite confie d’ailleurs être venue chez lui pour se restaurer, certes, mais aussi pour y avoir des conversations stimulantes et pour le caractère sympathique du chef. Depuis sa première fois à Pokai, elle est devenue une fidèle. Créer une relation avec ses clients? La recette numéro un du succès de Kai, sans aucun doute.

D’ailleurs, conscient que tous ceux qui franchissent la porte du restaurant n’aimeront pas forcément ce qu’ils y mangeront, il n’hésite pas à faire goûter un échantillon, histoire d’être sûr qu’ils ne seront pas déçus!

Un «boat people» travailleur

Le décor de Pokai est à l’image de son créateur – c’est d’ailleurs lui qui a tout imaginé et réalisé à son ouverture, il y a trois ans et demi. «J’ai un petit talent pour ça», glisse-t-il. Le bois y est omniprésent et est parsemé de références à la culture du surf d’Hawaï, l’île d’où provient le plat phare du restaurant, le poké bol.

Bien que l’ambiance du petit restaurant soit zen, le départ de son propriétaire de son pays d’origine, le Vietnam, et son arrivée au Canada, eux, n’ont pas eu grand-chose de zen.

Kai Nguyen avait la vingtaine quand il a quitté son pays pour la Malaisie, où il est demeuré un an avant de rejoindre le Canada. Il fait partie des boat people, ces dizaines de milliers de Vietnamiens qui ont fui leur pays à la suite de la guerre du Vietnam. Après avoir pas mal bougé à travers le Canada et les États-Unis, c’est à Côte-des-Neiges, à Montréal, qu’il a établi son domicile et son restaurant.

Je n’ai pas encore décidé de ce que je vais faire après la retraite. On essaie de vivre la vie aujourd’hui, et on s’adaptera à ce qui arrivera demain.

Kai Nguyen

Aujourd’hui en préretraite, M. Nguyen n’est pas certain de ce qu’il fera dans l’après-Pokai. «J’aime le travail bénévole», dit celui qui veut rendre à sa communauté de Côte-des-Neiges. «Pendant la pandémie, beaucoup de gens m’ont aidé et soutenu dans le secteur. Je les remercie beaucoup», souffle-t-il.

L’envie de transmettre

Beaucoup de restaurants ouvrent à Montréal… et beaucoup d’entre eux ferment, dans une industrie qui peut parfois être très concurrentielle et difficile. Pokai aura eu un autre destin. «Je n’ai jamais pensé ouvrir un restaurant ici, j’ai juste décidé comme ça. Je ne pensais pas qu’il allait continuer pendant trois ans», dit Kai en souriant.

Mais on ne naît pas entrepreneur. Créer une entreprise et en assurer le succès, ça s’apprend. «J’ai pas mal d’expérience, c’est presque toute ma vie», relate-t-il. Mais ses deux filles, elles, ont fait un autre choix: celui de devenir ingénieures. «C’est bien pour elles, elles ont beaucoup sacrifié dans leurs études et ont un bon travail. Je ne pense pas qu’elles vont continuer avec moi.»

J’ai déjà discuté avec mes clients qui veulent relever des défis dans la vie. Être entrepreneur, c’est mon domaine. Si j’ai l’information pour les gens qui veulent faire ça, ils peuvent venir me voir et je saurai les aider.

Kai Nguyen

«Quand on ouvre une business, il faut tout le temps penser: “comment obtenir ma clientèle?”. Premièrement, il faut être certain que la nourriture soit bonne, et deuxièmement, c’est la relation avec la clientèle. Si elle est bonne, le service aussi, que l’emplacement est propre et que la cuisine est bonne, vous avez la bonne formule», estime-t-il.

Alors, s’il a la recette du succès, quel est le secret de son bonheur au travail? «Chaque jour, je prends du plaisir à donner un sourire à tout le monde. Les gens me le donnent en retour et je suis vraiment heureux de ça», soutient-il. Puisqu’on vous dit qu’il est zen!

Avec la collaboration de Guillaume Ledoux.

Dans le cadre de notre série P aime E, Métro va à la rencontre d’entrepreneurs passionnés par leur commerce, qui laissent leur marque dans leur quartier.

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