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Notre-Dame-des-Neiges: un cimetière à l’abandon?

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges est fermé aux visiteurs depuis le déclenchement d’une grève le 12 janvier dernier. Photo: Nicolas Monet/Métro

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges est laissé à l’abandon par la Fabrique Notre-Dame, dénoncent des représentants syndicaux. Le plus gros cimetière au Canada, aux prises avec d’important conflits de travail, est fermé aux visiteurs depuis le déclenchement d’une grève des employés d’entretien le 12 janvier dernier.

«Il n’y a aucune raison que le site soit fermé à la clientèle. C’est un lieu de recueillement», tonne le président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière, Patrick Charland, rencontré jeudi par Métro en marge d’une manifestation silencieuse lors de la messe à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, au centre-ville de Montréal, le 2 février.

Ils abandonnent le site, ils abandonnent la clientèle, puis, évidemment, ils nous abandonnent aussi [les employés].

Patrick Chartrand, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges

«Il y a une famille qui venait de Norvège qui s’est butée à une barrière, laisse tomber le président du Syndicat des employés-es de bureau du cimetière, Éric Dufault. Quelqu’un qui vient d’Ottawa à l’anniversaire de sa mère avec des fleurs, il ne peut pas [entrer].» Notons que les employés de bureau sont en grève depuis le 20 septembre 2022.

La Fabrique Notre-Dame «fait son possible» pour subvenir au besoin des familles et s’efforce de minimiser les impacts des grèves sur ses activités, assure un porte-parole joint au téléphone. Les arrêts de travail ont considérablement réduit les moyens du cimetière puisque seuls quelques cadres peuvent y travailler, explique-t-il.

«Nous avons décidé de prioriser les familles endeuillées qui ont un rendez-vous pour une inhumation en crypte ou en mausolée ou pour un service de crémation. Malheureusement, aucune inhumation en terrain n’est possible présentement. Ces décisions nous empêchent d’accueillir d’autres personnes au cimetière, car de nombreux chemins ne sont pas déneigés ni sécuritaires pour les visiteurs», ajoute la Fabrique, par courriel.

Un site «mal entretenu» et «dangereux»

Les doléances des syndicats précèdent les grèves et la fermeture du cimetière en conséquence. Les coupures successives de personnel, de services et d’heures d’ouverture entraînent le dépérissement du cimetière depuis un certain temps, selon Éric Dufault. «Tout son lustre a été perdu», ajoute-t-il.

«Le service qu’on offrait il y a quelques années, on n’est plus capable de l’offrir», déplore Patrick Chartrand, qui blâme également la dégradation des conditions de travail et le manque d’employés. «Je n’ai jamais vu le site aussi mal entretenu […]. Le site est dangereux.»

Une situation qui crée de nombreuses insatisfactions chez les familles, qui voient les tombes de leur proche ensevelies sous les herbes longues, explique-t-il. Il reviendrait souvent alors aux employés de devoir répondre aux frustrations des clients.

Des inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) seraient même intervenus à deux reprises en raison de la dangerosité du site et d’incidents de violence envers des employés d’entretien, aux dires des présidents syndicaux.

Plusieurs tombes du cimetière Notre-Dame-des-Neiges sont couvertes par des herbes longues. Photo: Gracieuseté, Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges

Un front commun pour les négociations

Les employés de bureau et les employés d’opération ont déposé le 31 janvier des demandes syndicales communes, une première dans l’histoire du cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

«Leur mépris est égal envers les deux syndicats […] Ça nous a unis à travers les années», résume Patrick Chartrand.

Augmentations salariales, maintien d’un nombre minimal d’employés, durée de la convention collective; les enjeux de négociations seraient les mêmes pour tous les syndiqués, ajoute Éric Dufault.

En pénurie de main-d’œuvre, on nous demande de réduire les conditions de travail et d’accepter un salaire qui suit à peine l’indice des prix à la consommation (IPC).

Éric Dufault, président du Syndicat des employé-es de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges

Les présidents syndicaux assurent être prêts à «monter la pression» pour mousser leur rapport de force. «On va se tenir, on est prêt à se battre pour longtemps», affirme Patrick Chartrand.

Du côté de la Fabrique, on considère que l’offre patronale «est plus qu’adéquate», déclare un porte-parole. L’organisme nie que des décisions relatives au personnel et aux conditions de travail auraient nui à la qualité des services offerts.

«[Le cimetière] offre des conditions de travail enviables à tous ses employés, et l’ancienneté moyenne de 23 ans en 2022, des employés réguliers d’opérations, en témoigne», précise-t-on sur son site.

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