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Manifestation contre les stages non rémunérés en psychoéducation 

Des étudiantes en psychoéducation réclament que leurs stages obligatoires soient rémunérés. Photo: Gracieuseté de l'Association générale des étudiantes en psychoéducation de l’Université de Montréal (AGÉPEUM)

L’Association générale des étudiantes en psychoéducation de l’Université de Montréal (AGÉPEUM) a organisé une manifestation jeudi sur le campus universitaire pour dénoncer les stages non rémunérés.

Pour obtenir le titre de psychoéducatrices, les étudiantes doivent réaliser deux stages obligatoires, totalisant 920 heures, qui s’ajoutent à leurs heures de cours et d’étude régulières. Ces stages nécessairement non rémunérés sont une forme d’exploitation, qui entraînent anxiété, épuisement, et précarité financière, estime l’association.

En plus d’être bénévoles, les stagiaires doivent en faire plus « pour combler les trous dans le réseau », déplore l’étudiant au baccalauréat, Jérémi Desrosiers. Des stagiaires dans les écoles doivent parfois accomplir des tâches d’enseignement en raison du manque de personnel, illustre-t-il.

Avoir plus de tâches, ne pas être payé, s’occuper de nos cours en même temps […] on a tous une limite.

Jérémi Desrosiers, étudiant au baccalauréat en psychoéducation à l’Université de Montréal.

Par ailleurs, tout le système de santé souffre de l’enjeu des stages non rémunérés, explique l’étudiante à la maîtrise, Naïmé Daoust-Zidane. L’absence de rémunération, en limitant l’accès à la profession de psychoéducatrice, exacerbe la pénurie de main-d’œuvre, poursuit-elle. Ainsi, les délais pour accéder à des soins en santé de mentale sont allongés et la pression sur le réseau hospitalier – déjà sur la corde raide – est augmentée.

« Il faut arrêter de voir les investissements en santé mentale comme une dépense. Les coûts sociaux liés à la santé mentale s’élèvent à plus de 18 milliards de dollars par année au Québec », scande au magnétophone l’étudiante. « Si vous voulez qu’on travaille dans votre système public pour alléger cette facture, il va falloir nous payer et respecter notre dignité dès le stage. »

« C’est une réalité au Québec, les femmes qui travaillent en relation d’aide sont surmenées et sous-payées », dénonce pour sa part dans un discours l’étudiante de première année au baccalauréat en psychoéducation, Marguerite Sabourin. « Cela fait des années qu’elles demandent de meilleures conditions, mais le gouvernement fait la sourde oreille. » Environ 90% de la population étudiante en psychoéducation sont des femmes, estime l’AGÉPEUM.

Des bourses réclamées

En plus de stages rémunérés, l’AGÉPEUM réclame l’éligibilité des étudiantes à la maîtrise en psychoéducation au programme de bourses Perspective Québec. Lancé en grande pompe à l’automne 2021, le programme octroie 2500 $ par session aux étudiants à temps plein de programmes ciblés.

Cette demande a été refusée par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MÉES), puisque la psychoéducation ne fait pas partie des « professions priorisées par le gouvernement du Québec dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre lancée à l’automne 2021 », mentionne-t-on dans un courriel envoyé à l’association étudiante, obtenu par Métro.

Les étudiantes à la maîtrise peuvent bénéficier de la bourse de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires, également offerte par le gouvernement du Québec. Or, le montant forfaitaire de 2700 $ équivaut à un salaire de 4,82 $ de l’heure, déplore Naïmé Daoust-Zidane. De plus, le deuxième versement de la bourse est seulement reçu après la conclusion du stage, sur réception d’une preuve de sa réussite.

L’étudiante à la maîtrise croit que le MÉES se soucie de la santé mentale des étudiants, à la lumière de l’annonce du nouvel Observatoire sur le bien-être et la santé mentale étudiante en enseignement supérieur. « L’Observatoire essaye d’évaluer où est le bobo, affirme-elle. Le bobo c’est qu’on n’a pas de soutien financier rendu au cycle supérieur, et que ça nous met, en plus du stress des études, un stress financier. »

Qu’est-ce que la psychoéducation?

Les étudiantes en psychoéducation souffrent de la méconnaissance qui entoure la profession, selon l’AGÉPEUM. « Spécialiste de l’adaptation », le psychoéducateur analyse un milieu et évalue comment il peut être adapté au patient, précise Jérémi Desrosiers.

« Ça peut aller d’un élève qu’il a des difficultés en classe à un adulte qui souffre d’isolement », ajoute Naïmé Daoust-Zidane. « On va donner des outils pour qu’une personne puisse s’adapter elle-même. » Par exemple, pour aider un élève qui a des difficultés de gestion de la colère à l’école, une psychoéducatrice pourrait organiser des ateliers de gestion des émotions ou de l’impulsivité, illustre-t-elle.

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