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Portrait d’une femme engagée contre la démence

Camille Isaacs Morell, vice-présidente de l'organisme Espoir pour la démence, pose à côté d'une photo de son père, décédé de la maladie d'Alzheimer. Photo: Alexis Fiocco / Métro

Camille Isaacs Morell, vice-présidente de l’organisme Espoir pour la démence, a lancé une pétition auprès de l’Assemblée nationale pour dénoncer un «tsunami» de diagnostics au Québec. 

Au Québec, c’est au moins 153 000 personnes qui souffrent de démence, et ce chiffre serait largement sous-estimé, faute de diagnostics aux stades primaires.

Une pétition sera soumise par Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent, à l’automne 2022. Actuellement, c’est environ 100 personnes qui ont signé cette pétition demandant de faire de la prévention des maladies de démence une priorité nationale en matière de santé publique. Une pétition avait été soumise à la Chambre des communes du Canada à l’automne dernier par la députée fédérale de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos.

Un engagement personnel

Résidente de Dorval depuis 17 ans, Camille Isaacs Morell s’est engagée personnellement dans cette cause après que son père eut succombé à la maladie d’Alzheimer il y a quelques années. Après dix ans de dégénérescence, celui-ci est décédé dans son pays natal, la Jamaïque, alors qu’elle vit au Québec depuis 1993.

Sortant d’une carrière dans le secteur financier, mais étant toujours impliquée personnellement dans la santé mentale, elle devient la directrice générale de la Société Alzheimer de Montréal pendant trois ans, de 2017 à la fin 2020.

Au début de la pandémie, Mme Isaacs Morell a refusé de suspendre les services proposés par la Société Alzheimer de Montréal. L’organisme est resté actif par téléphone ou visioconférence, car la directrice générale estimait que c’était nécessaire pour mitiger les symptômes. L’isolement social accentué par les confinements a d’ailleurs contribué à la détérioration de la santé mentale des personnes âgées, et donc à la croissance des diagnostics de démence.

«J’ai essayé de prendre ma retraite, mais ce n’est pas possible. Espoir pour la démence voulait agrandir l’ampleur de ses programmes, et quand ils ont vu que je prenais ma retraite, ils m’ont demandé de leur donner un coup de main.»

Elle explique que les traitements ne sont souvent pas complets, et que l’hébergement des personnes atteintes de démence n’est pas suffisant.

«Même si son esprit et son corps étaient ravagés, attaqués par la maudite maladie, il continuait à être la même personne, explique-t-elle, en parlant de son père. Quand on héberge les personnes, on traite la maladie, et pas nécessairement la personne.»

Des mesures concrètes et novatrices

Contrairement aux traitements habituels, Espoir pour la démence travaille pour «inverser la courbe de croissance» des diagnostics en s’appuyant sur plusieurs mesures concrètes de prévention.

La pétition met l’accent sur le dépistage automatique des populations à risque, et sur la sensibilisation du public pour encourager l’investissement dans des fonds de recherche.

«La prévention, c’est là où je mets tous mes efforts», affirme Mme Isaacs Morell. Même si on ne peut pas guérir ces maladies dégénératives, «il y a des rayons d’espoir au niveau des risques», explique-t-elle.

Il existe douze facteurs de risque accru de démence, et cibler les populations vulnérables permettrait de réduire les diagnostics de 40%. Ces facteurs de risque vont du tabagisme et de l’alcoolisme à l’isolement social, au diabète et à l’obésité. Tant de facteurs qui poussent à trouver des solutions diverses pour réduire le nombre de diagnostics.

Par exemple, Mme Isaacs Morell prône une alimentation saine comme mesure préventive contre la démence. L’organisme distribue d’ailleurs des paniers de nourriture, surtout des légumes et aliments sains, pour les personnes à risque qui ne sont pas en mesure de se les acheter.

Mille paniers de nourritures ont été distribués depuis le début de la pandémie à Saint-Laurent, et l’initiative commence à prendre forme à Laval et à Saint-Léonard.

La vice-présidente compte bien «faire la promotion dans l’Ouest-de-l’Île et dans le reste de la province», mais cela demande des fonds, et un plus grand intérêt national.

À Dorval, «il y a de plus en plus de résidences pour les populations vieillissantes», mais «il faut faire beaucoup plus de sensibilisation et d’éducation communautaire», conclut-elle.

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