Protecteur de l’élève: une réforme insuffisante, selon les Béliers solidaires
La réforme du processus de traitement des plaintes dans les écoles doit nommer le racisme systémique pour restaurer la confiance des élèves, estime le collectif Béliers solidaires. Ces anciens élèves de l’école Henri-Bourassa avaient dénoncé en 2020 des propos racistes et offensants tenus pendant des années par un enseignant de l’établissement.
«Notre présence ici est le résultat d’un constat d’échec», a déclaré d’entrée de jeu Hiba Jabouirik, lors des audiences sur le projet de loi 9 sur le protecteur national de l’élève, le 18 janvier.
Diplômée de l’école Henri-Bourassa en 2016, elle fait partie des élèves qui avaient publiquement dénoncé les comportements de l’enseignant Vincent Ouellette, en octobre 2020.
Elle voit mal comment le projet de loi présenté par le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge l’aurait aidée à faire face à la situation quand son enseignant lui avait demandé de s’excuser solennellement pour les attentats de Charlie Hebdo. Elle n’avait alors que 16 ans.
«Sachant que j’ai pris le temps de me plaindre à l’enseignant après le cours ainsi qu’au directeur de l’école, comment ce processus de protecteur de l’élève aurait-il pu être appliqué?», a-t-elle demandé.
«Pas à la hauteur»
Pour Mme Jabouirik, le ministre Roberge et ses conseillers n’ont pas été à la hauteur du mandat qui leur avait été confié.
Elle déplore que le projet de loi 9 évacue la notion de violences systémiques dans la révision du rôle du protecteur de l’élève.
«Ces violences qui atteignent les droits et libertés des élèves les plus marginalisés de la société ne méritent-elles pas d’être nommées?», a aussi questionné Gio Olmos, ex-élève de l’école Henri-Bourassa et membre du collectif Béliers solidaires.
Nous attendons toujours que le gouvernement se donne les moyens de nommer, documenter, comptabiliser et remédier au racisme systémique dans nos institutions scolaires.
Gio Olmos, ex-élève de l’école Henri-Bourassa et membre des Béliers solidaires.
Le collectif a déposé l’an dernier une pétition de 1677 signatures pressant le gouvernement de réformer le mécanisme de plaintes pour mieux protéger les mineurs.
Le libellé demandait notamment que le protecteur accompagne l’élève plaignant dans son cheminement psychosocial, un élément qui ne se retrouve pas dans le projet de loi, déplorent les deux ex-élèves.
Un mécanisme «méconnu et imparfait»
Le ministre Roberge a reconnu que le mécanisme de plainte était «méconnu et imparfait».
«On essaie de réparer le système de traitement des plaintes pour que vous, vos cousines et éventuellement vos enfants ayez confiance dans le système de traitement des plaintes», a-t-il affirmé.
Il a par ailleurs laissé entendre que les événements qui se sont produits à l’école Henri-Bourassa ne signifient pas que «l’ensemble du réseau est inadéquat».