Les salons de massage illicites ciblés dans l'Ouest-de-l'Île

Ils sont connus comme salons de massage érotique et c’est dans l’Ouest-de-l’Île qu’ils élisent maintenant domicile. Les activités autrefois limitées aux rues du centre-ville de Montréal étendent maintenant leurs tentacules à des endroits comme Pierrefonds et Dorval.

Cités Nouvelles a appris récemment que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) étaient très actifs dans la région avec des groupes de travail spéciaux des deux corps policiers qui enquêtent sur les salons de massage illicites, maisons closes et réseaux de prostitution ainsi que leurs liens avec un réseau de trafic humain orchestré par le crime organisé.

Au cours des dernières années, l’Ouest-de-l’Île a vu proliférer ces activités illégales. Il y a au moins cinq salons de massage illicites dans les environs et quatre d’entre eux sont situés dans Pierrefonds-Roxboro. Leurs propriétaires annoncent régulièrement leurs services sur des sites d’annonces classées comme Craigslist et Kijiji.

Les présumés salons érotiques qui prolifèrent à Pierrefonds-Roxboro opèrent sans enseigne sur les artères principales en offrant tranquillement leurs services aux passants en manques de sensations fortes.

Malgré leur présence sur le net, l’arrondissement n’est pas au courant de la présence de ces établissements sur son territoire. «Nous n’avons pas pu constater d’augmentation et comme ils sont illégaux, l’arrondissement n’a pas compté le nombre de salons de massage sur son territoire», explique Bassam Chaarani, directeur des communications de l’arrondissement.

Le SPVM n’a pas voulu confirmer qu’elle ciblait Pierrefonds-Roxboro, se contentant de mentionner la présence d’une équipe «surveillant la prostitution, le trafic humain et les salons de massage.»

Selon Johanne Paquin, inspecteur chef au SPVM, la police s’affaire à dénombrer les salons de massage illicites et à déterminer leurs liens avec le crime organisé local et international.

Faux passeports

Dans un rapport rédigé en 2010, la GRC soupçonnait que des réseaux de trafic humains transnationaux avaient des complices dans les pays d’origine – en Europe de l’Est et en Asie – pour faciliter le recrutement de jeunes femmes sous la contrainte et leur transport au Canada avec de faux documents. Ces femmes sont alors forcées de travailler dans «des services d’escortes dans le grand Toronto et possiblement dans les services de massage et d’escortes dans la région de Montréal».

En outre, «ces groupes ont démontré leurs possibilités transnationales. Ils ont des liens significatifs avec des trafiquants humains reconnus coupables en République Tchèque, en Allemagne, en Biélorussie et en Israël.»

En décembre dernier, la GRC a lancé un groupe de travail spécial pour contrer le trafic humain à la suite de descentes effectuées le mois précédent dans trois salons de massages illicites, le SPA Angel de Verdun, Massage du Centre et Centre Maxi Santé à Dorval.

Ces salons étaient liés à Marius Trifu Miclescu, arrêté par la police et accusé de la traite de femmes roumaines vers le Canada et de les avoir forcées à travailler dans les salons de massage érotiques.

L’année dernière, une femme opérant un salon de massage sur le boulevard Gouin à Roxboro a été accusée de vivre des fruits de la prostitution en lien avec l’opération de ce salon. En 2011, un salon de massage de l’avenue Dorval lui appartenant a été fermé par les autorités policières.

Selon la Ville de Dorval, il n’y aurait pas de présence connue de ce type d’établissement sur son territoire en ce moment.

Le maire de Montréal Denis Coderre a répété maintes fois son intention de combattre cette industrie et de faire cesser l’exploitation sexuelle dont sont victimes des mineures et des jeunes femmes.