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Allocation pour chien-guide: l’appel à l’aide d’une Pointelière

Ayant épuisé tous ses recours, Nancy Lévesque espère que son appel à l’aide aidera à faire avancer les choses, mais se prépare à de longues démarches. Photo: Amélie Gamache

Atteinte de surdité dès sa naissance, Nancy Lévesque partage sa vie depuis 5 ans avec Ohana, une chienne-guide pour malentendant. Prestataire de l’aide sociale avec contrainte sévère à l’emploi, la Pointelière peine à payer les frais pour nourrir et soigner sa compagne, et tente depuis deux ans d’obtenir une allocation comme celle allouée aux non-voyants. En vain. Si de tels programmes sont en place en Ontario, aucun n’existe au Québec.

Ministère de la Santé, aide sociale, Régie de l’assurance-maladie (RAMQ), CIUSS de l’Est, Mira, organismes de défense de droits des malentendants : Mme Lévesque a cogné à toutes les portes.

«Je suis découragée, j’ai eu envie de baisser les bras, mais je réussis à garder espoir», confie-t-elle. Présentement, Ohana a besoin d’un détartrage, ses gencives saignent; la procédure peut coûter plus de 400$. «Moi j’ai besoin de lunettes, je choisis quoi?, demande-t-elle. Je dois aussi la nourrir, elle travaille pour moi et j’ai une responsabilité.»

Preuves à l’appui, Mme Lévesque explique également souffrir d’hypothyroïdie, de diabète de type 1, d’anxiété généralisée et d’insuffisance surrénalienne primaire. Difficile de trouver un travail dans ces conditions, malgré son diplôme en secrétariat.

«Sans mon chien-guide, je ne sais pas comment je vivrais. Elle est une aide précieuse et une amie fidèle. Elle me fait sortir de la maison et apaise mon anxiété.» -Nancy Lévesque

Malgré l’aide de sa mère, retraitée et sans revenus, Nancy Lévesque est à court de solutions pour équilibrer son budget avec le millier de dollars de frais de soins nécessaire annuellement à l’entretien de son amie à quatre pattes.

Tous les chiens d’assistance ne sont pas égaux

Ohana provient pourtant d’une école accréditée par la Fédération internationale de Chien-guide, soit la Fondation des Lions, en Ontario. Les résidents ontariens malentendants ont d’ailleurs droit à une allocation pour aider aux soins, d’environ une centaine de dollars par mois.

Au Québec, seuls existent de tels programmes pour les chiens d’aide à la motricité, offert par le ministère de la Santé et des Services sociaux, et pour les malvoyants, sous l’égide de la RAMQ.

«Il n’y a pas d’école de dressage pour chiens pour malentendants au Québec, et le gouvernement ne donne pas pour les chiens dressés à l’extérieur du territoire. Ce n’est pas très connu. Ce n’est pas un dossier prioritaire puisque qu’il n’y a pas beaucoup de demande.» – Anne-Sophie Verreault, coordonnatrice des activités à l’APDA.

L’Association des personnes avec une déficience de l’audition (APDA) a d’ailleurs demandé au ministère de la Santé et des Services sociaux, par deux fois, de mandater l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux de faire des recherches permettant d’inclure les chiens d’assistance à l’audition dans l’offre des aides techniques de la RAMQ et d’accorder un montant pour les soins de l’animal. Les demandes ont été refusées.

Une pétition pour changer les choses

À bout de ressources, Mme Lévesque a contacté en février dernier le bureau de la députée Chantal Rouleau. Son attaché politique, Guy Boutin, lui a offert de l’aider à préparer une pétition qui sera déposée à l’Assemblée Nationale.

«La pétition ne visera pas uniquement les chiens pour malentendants, car d’autres sortes de chiens d’assistance ne sont pas couverts, alors nous demandons de les inclure tous, explique M. Boutin. L’idée c’est d’attirer l’attention de la ministre de la Santé.»

Avec cette ultime démarche, Mme Lévesque espère pouvoir avoir les moyens de conserver sa chienne, mais veut également faire connaître au grand public ce service qu’elle juge essentiel à sa qualité de vie. Ainsi, non seulement les passants sauront qu’il ne faut pas flatter un chien d’assistance pour malentendants en service, mais surtout, la mobilisation pourrait permettre à d’autres personnes dans le besoin de ne pas avoir à mener le combat qui est aujourd’hui le sien.

Que fait Ohana?

Les chiens d’assistance à l’audition sont entraînés à réagir à plusieurs sons, dont une minuterie, un réveille-matin, un cognement à la porte ou l’appel du nom de son maître.

«Quand elle entend le téléphone, quelqu’un appeler mon nom ou la minuterie du four, elle me touche et me mène à la source du son, explique Nancy Lévesque. À la maison, si le système d’alarme de feu déclenche, elle va me toucher et va tourner sur elle-même. Le feu a déjà pris dans la cuisine et c’est elle qui m’a prévenue. Elle m’a sauvée.»

Bien que des systèmes de lumières lui permettent de «voir» certains de ces sons, les appels téléphoniques par exemple, rien de vaut Ohana pour apaiser son anxiété et vaincre la dépression dû à l’isolement.

Qui d’autre les chiens-guides peuvent-ils assister?

Outre les personnes malvoyantes ou malentendantes, la Fondation des Lions peut fournir gratuitement des chiens d’assistance aux Canadiens épileptiques, diabétiques, autistes ou ayant des problème de motricité.

Entraînés à reconnaître les crises d’épilepsie, les premiers réagissent en jappant pour obtenir de l’aide ou en activant un système d’alerte. Les diabétiques peuvent être alerté d’une chute soudaine de leurs taux de sucre dans le sang, décelé par leur animal grâce à leur odorat développé; les chiens pour autistes contribuent de leur côté au sentiment d’indépendance et de sécurité de leurs propriétaires.

Finalement, la Fondation entraîne également des chiens à ramasser des objets, ouvrir et fermer des portes pour les personnes souffrant de déficience physique. Ces derniers ont toutefois droit à une allocation du ministère de la Santé et des Services sociaux.

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