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Les employés de l’Institut Philippe-Pinel ne se sentent pas en sécurité

Les employés s'étaient donné rendez-vous devant l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel pour faire entendre leur colère.
Les employés s'étaient donné rendez-vous devant l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel pour faire entendre leur colère. Photo: Quentin Dufranne / Métro Média

Les employés de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel ont bravé le froid et la neige le 23 février pour dénoncer l’insécurité dans laquelle ils travaillent ainsi que le manque d’effectifs au sein de l’établissement. Un climat d’insécurité se serait progressivement installé au cours des dernières années, notamment à cause du manque de formation et d’équipement fournis aux employés, qui doivent parfois s’occuper des patients les plus dangereux de la province.

Thomas* est un intervenant spécialisé en pacification et sécurité (ISPS). Il assure la sécurité et l’intégrité des patients et employés de l’Institut, mais sa tâche devient de plus en plus complexe face à l’absence de formation et au manque d’équipement de protection mis à sa disposition. Il explique devoir travailler avec seulement un ceinturon, des menottes et des gants en plastique.

«Quand on intervient physiquement, on doit toujours le faire sans équipement; donc, on se met à risque, nous et le patient, explique Thomas. Dans les autres centres de détention, les employés ont des formations quotidiennes et ça leur prend trois mois pour être formés. Nous, ici, en deux semaines, t’es censé être capable de tout faire rapidement…»

Selon lui, ce sont pas moins de huit employés qui se sont fait agresser avec des pics artisanaux depuis Noël. Il raconte que les employés doivent se former entre eux, situation forçant les plus anciens à enseigner aux nouvelles recrues ce qu’ils ont eux-mêmes appris sur le tas.

Au manque de formation et d’équipement s’ajoute l’absence d’augmentation de salaire pour les ISPS depuis plusieurs années. Un même employé dans un centre de détention provinciale aurait un salaire une fois et demie supérieur, et cela irait jusqu’au double pour ceux travaillant dans un centre de détention fédéral.

Face à leurs conditions de travail et à l’absence de valorisation salariale, nombre d’ISPS décident de quitter leur emploi pour aller travailler dans d’autres centres de détention. En l’espace de deux ans, plus de 150 employés auraient ainsi claqué la porte de l’Institut.

«Cette perte d’expertise est dangereuse pour les patients, pour les employés et pour la population aussi», explique la présidente de la section locale du Syndicat des employés de l’Institut Philippe-Pinel (SCFP 2960), Marie-Ève Desormeaux.

Une prime de rétention de 10% pour les ISPS avait été demandée afin de garder ces employés au sein de l’Institut le temps de renégocier leur salaire, mais la partie patronale aurait refusé cette demande en décembre dernier.

Selon les employés, les patients sont fébriles quand ils voient le personnel changer constamment tous les jours.

Un dialogue compliqué avec la partie patronale

Marie-Ève Desormeaux explique que les relations avec la partie patronale se sont progressivement dégradées avec le temps. Des demandes de formations pour le personnel avaient été effectuées sans aucun retour. Elle explique que le nombre de plaintes faites à la CNESST aurait augmenté de 900%.

«Sur le plan de l’écoute avec la partie patronale, on n’a plus de relations de travail; on les judiciarise même, ça ne va tellement pas bien, explique Marie-Ève Desormeaux. Nos intervenants spécialisés en pacification et sécurité quittent de façon massive, car c’est beaucoup plus payant et moins dangereux ailleurs.»

Les employés de l’Institut ont également profité de l’événement pour s’adresser au gouvernement Legault et lui demander d’agir.

«Le message à la CAQ, c’est de nous permettre de donner les soins, et pour donner les soins, ça prend du respect, de la considération, de l’écoute, du matériel, des équipements et du salaire», lance Marie-Ève Desormeaux.

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