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Baby Horse Records: un label par et pour le grand Sud-Ouest

Un jam au Sud-Ouest Recording Service
Un jam au Sud-Ouest Recording Service Photo: François Lemieux, Métro

Situé sur la rue Angers, le studio d’enregistrement Sud-Ouest Recording Service se targue d’être un studio «par les musiciens, pour les musiciens». Si l’endroit se distingue par ses méthodes d’enregistrement à l’ancienne et ses instruments vintage, il a également la distinction d’abriter Baby Horse Records, un label créé par et principalement pour des musiciens du grand Sud-Ouest.

Situé dans l’arrondissement du Sud-Ouest, le quartier Saint-Henri n’est pas, du moins par le public général, reconnu pour sa scène musicale. Il ne dispose en effet que de quelques petites salles de spectacle, même si on y trouve le bar de Courcelle.

C’est dans ce bar de la rue Notre-Dame Ouest où se donne régulièrement des représentations musicales, dont un micro ouvert les dimanches soirs, que les six musiciens qui en viendront à contribuer à la communauté du Sud-Ouest Recording Service ont fait connaissance il y a quelques années.

«C’était un peu comme notre noyau social. À partir de là, on a tous appris à se connaître, on est devenus des amis», explique William Poulin, copropriétaire du studio. Son nom de famille, Poulin, inspirera d’ailleurs le nom du label, Baby Horse Records.

Quand au nom du studio, il est inspiré par le Memphis Recording Service, le nom original de l’endroit, où, en 1951, a été enregistrée ce qui est considéré comme le premier simple de rock and roll, la chanson Rocket 88.

«Une communauté»

William Poulin, Frédéric Poulin, Matt Damron, James Healey, Frisco Lee et Dan Beasy cumulaient des années d’expérience de scène ainsi qu’un matériel musical et d’enregistrement somme toute important lorsque l’idée d’ouvrir leur label a germé.

Leur but? Produire et promouvoir eux-mêmes leur musique, sans intermédiaire, en plus de «montrer aux gens qu’on est une communauté, pas juste des artistes séparés», raconte William, qui opère principalement le label à l’aide de la collaboration des autres membres et des artistes choisis.

En juin 2020, au plus fort de la pandémie, alors que beaucoup de musiciens vivaient une période de vaches maigres, les six amis ont donc créé Sud-Ouest Recording Service ainsi que Baby Horse Records.

«Notre groupe a pris une approche diamétralement opposée [de ce qu’a fait la majorité de l’industrie musicale]. Lors de la pandémie, tout le monde s’est pointé ici pour construire cet espace. Malgré la COVID-19, on a pu être présent ici. On a continué de travailler pour bâtir cet espace», indique William.

Espace d’environ 750 pieds carrés, le studio est situé dans un immeuble d’un secteur industriel du Sud-Ouest. Sur les murs intérieurs de bois sont fixées quelques guitares, et le studio regorge en outre de divers instruments des années 1960 et 1970, dont des amplificateurs, orgues, micros et batteries.

De vieilles photos de musiciens country non identifiés et quelques autres artistes comme la légende du blues Muddy Waters, le guitariste des Rolling Stones, Keith Richards ou encore le groupe The Band laissent deviner les influences musicales des propriétaires de l’endroit.

Méthodes d’enregistrement à l’ancienne

Le studio offre aux artistes qui le désirent l’enregistrement de manière analogique sur bande magnétique, à l’aide d’une machine «4-track» datant de 1969, un modèle Ampex 440b. Selon William Poulin, la machine aurait supposément été importée d’un studio en Californie et aurait passé un certain temps au vieux studio RCA, dans l’usine RCA de Saint-Henri, avant d’être vendue à un particulier puis à Sud-Ouest Recording Service.

«Mystérieusement, elle est identifiée à l’arrière par le nom “Sinatra”, donc, qui sait, cette machine aurait pu servir pour enregistrer Old Blue Eyes à la fin des années 1960 ou au début des années 1970, en Californie. Que ça soit vrai ou nom, ça ajoute au charme de ces machines et à l’aura qu’elles amènent», souligne William. 

Technologie moins utilisée de nos jours par rapport aux méthodes numériques, le fait que l’enregistrement sur bande magnétique soit disponible au Sud-Ouest Recording Service attire définitivement son lot de clients.

«C’est particulièrement populaire parmi les artistes alt-country, mais en général, il y a quand même un espèce de fantasme par rapport à l’enregistrement sur bande magnétique. Plusieurs artistes qui jouent des types de musique rétro comme le rockabilly veulent avoir une expérience authentique de comment c’était enregistré dans les années 1950 et nous, on est capable d’offrir ça», souligne James Healey.

Les performances live priorisées

Si certains préfèrent une méthode d’enregistrement plus moderne, lors de laquelle chaque piste d’instrument et de voix est enregistrée individuellement, Sud-Ouest Recording Service offre également, et promeut même une méthode plus rétro, basée sur une performance live. Souvent, le personnel du studio va capter une première performance live à laquelle on ajoutera ensuite des pistes individuelles d’autres instruments.

«Cette manière de faire, c’est ce qui fait aussi que la musique des années 1950-1960-1970 sonne comme elle sonne. C’était du vrai monde qui jouait ensemble. C’est ce qu’on essaie de promouvoir», explique William.

Le studio propose en outre l’enregistrement dans des endroits inusités, à l’extérieur des murs du local sur la rue Angers. Une session a notamment été enregistrée dans une cabine dans les bois et une autre dans une église.

À ce jour, le label compte sept artistes alt-country, folk, indie ou encore country traditionnel. Si la majorité sont résidents du grand Sud-Ouest, certains sont d’ailleurs, comme Joe Abbott, qui habite Vancouver, ou encore les McMillan Camp Boys, qui résident à Halifax.

De son côté, le studio d’enregistrement a accueilli au cours des trois dernières années plusieurs dizaines d’artistes, dont la majorité sont du grand Sud-Ouest.

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