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Malgré la fermeture du magasin, l’enseigne Archambault demeurera en place

L'enseigne du Archambault sis au 500, rue Sainte-Catherine Est, à Montréal. Photo: Isabelle Chénier, Métro

L’enseigne du mythique magasin Archambault continuera de briller au coin des rues Sainte-Catherine Est et Berri, et ce, malgré la fermeture de la succursale prévue en juin.

Le propriétaire de l’immeuble et de son immense panneau, Québecor, a confirmé cette information à Métro par courriel.

«L’enseigne d’Archambault qui est localisée sur notre immeuble est un élément architectural incontournable de Montréal et le symbole d’un fleuron québécois fondé il y a plus de 120 ans. Cette enseigne, qui a été restaurée récemment, restera en place au coin des rues Sainte-Catherine Est et Berri.»

Bien que l’entreprise semble maintenant reconnaître toute la valeur patrimoniale de cet objet à vocation commerciale, ce repère a bien failli disparaître du paysage urbain en 2018. L’imposante enseigne en forme de lyre avait été décrochée un matin par Québecor, conformément au bail échu d’Archambault, qui continuerait à faire commerce dans l’immeuble adjacent, sis au 510 rue Sainte-Catherine Est.

Cette simple procédure aux airs administratifs avait créé la surprise et provoqué des réactions au sein de la population. «On pensait que c’était du patrimoine, mais ça a l’air que non», déplorait l’un des employés d’Archambault à l’époque.

Cet émoi avait incité l’administration Plante à intervenir pour faire reconnaître l’intérêt patrimonial de l’enseigne vieille de plus de 90 ans. Près d’un an après son retrait, le panneau emblématique avait finalement retrouvé sa place sur la façade de l’édifice.

Un «patrimoine d’habitude»

Le débat public qui a entouré le retrait de l’enseigne du magasin Archambault montre certainement l’attachement des citoyens à ce genre de symboles qui constituent un peu l’identité de Montréal, croit le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru. Or, il observe que ce lien se tisse habituellement de manière ponctuelle et qu’il est catalysé par un sentiment de perte collective.

Le patrimoine est toujours en train d’être redécouvert. Il naît souvent au moment où les gens réalisent qu’ils risquent de le perdre. Autrement, ça fait partie de leur quotidien. C’est un truc anodin.

Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal

Sans le retrait de l’enseigne en 2018 – retrait que la doctorante en études urbaines Carla Bodo qualifie de «blessure cognitive» infligée aux Montréalais –, aurions-nous réalisé tout l’intérêt patrimonial de cet élément architectural?

Carla Bodo, la première chercheuse à consacrer une thèse entière à l’histoire visuelle et matérielle des enseignes au Québec, se permet d’en douter. Elle explique que les enseignes «ont tendance à être déconsidérées dans l’espace public, mais aussi en tant qu’objet artistique».

Il n’y a qu’à penser au Club Super Sexe, selon elle, dont la «fabuleuse» enseigne a été décimée par les flammes en 2021, alors que l’établissement décrépissait, réduit à l’abandon depuis 2016.

«C’est de l’art populaire et on n’y voit pas grand intérêt du point de vue de l’histoire, du patrimoine, de l’histoire de l’art. C’est une enseigne qui est vouée à disparaître finalement. Elle suit le cycle de vie du commerce», explique-t-elle. Malgré son caractère éphémère et sa vocation de communication pour une entreprise, il ne faudrait pas passer outre son rôle sociohistorique pour une métropole, estime toutefois Mme Bodo.

Un ancrage dans la ville

En plus de faire un pied de nez à la tendance privilégiant une relative sobriété des rues de Montréal, l’enseigne lumineuse du magasin Archambault agit comme un véritable ancrage dans l’histoire québécoise.

Étant l’une des dernières de type art déco des années 1930 sur le territoire (la deuxième étant celle du chapelier Henri Henri), elle rappelle l’époque où la rue Sainte-Catherine ressemblait davantage au quartier de Broadway à New York. «Il y avait des enseignes au néon partout, tout le temps», rappelle Mme Bodo. L’enseigne demeure aussi le symbole de l’histoire de la musique francophone au Québec.

«La ville change tellement, elle est tout le temps en travaux, mais on dirait que ce type d’objet là vient quelque part pérenniser la mémoire de la ville et en fait son identité, estime Carla Bodo. Une enseigne, c’est un laboratoire de formes. On peut étudier l’objet en tant que tel, on peut aussi étudier l’histoire de la typographie et bien entendu l’histoire plus large de la ville et des rues. Et c’est merveilleux», conclut-elle.

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