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Trois juges maintiennent la condamnation de «Lula»

Silvia Izquierdo / The Associated Press Photo: Silvia Izquierdo
Mauricio Savarese et Peter Prengaman - The Associated Press

PORTO ALEGRE, Brésil — Un tribunal d’appel a asséné un coup dur à l’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, maintenant à l’unanimité une condamnation pour corruption et ajoutant même des années à sa peine de prison dans une décision majeure qui pourrait empêcher l’ancien dirigeant de se présenter à la prochaine élection présidentielle même s’il mène dans les sondages.

Les trois juges ont annoncé leur décision de maintenir la condamnation dans ce dossier mercredi, mais il suffisait que deux d’entre eux se prononcent en ce sens pour que la culpabilité de «Lula» soit maintenue. En juillet, le juge Sergio Moro avait condamné l’ancien président à neuf ans et demi de prison dans cette affaire.

Bien que «Lula» ait encore plusieurs options pour se retrouver tout de même sur les bulletins de vote en octobre — et que ses avocats aient déjà indiqué qu’ils porteraient en appel tout revers —, la décision du tribunal d’appel complique davantage un éventuel retour sur la scène politique. Certaines voix soutiennent que sa mise à l’écart pourrait susciter la colère de millions de partisans et nuire à la stabilité politique du pays.

Après avoir entendu les arguments de la poursuite et de la défense, mercredi matin, le juge Joao Pedro Gebran Neto a été le premier à voter. Il est allé plus loin que la condamnation originale, disant que la peine de prison devrait être de 12 ans et un mois, une augmentation de plus de deux ans par rapport à la peine infligée en juillet.

«J’estime que la culpabilité dans cette affaire est extrêmement élevée. Il s’agit d’un ancien président et d’un stratagème de corruption qui a eu cours pendant des années», a-t-il affirmé.

Les deux autres juges ont maintenu les condamnations sur tous les chefs.

«Aucune personne ne peut être exonérée tout simplement parce qu’elle est puissante», a fait valoir le juge Leandro Paulen, faisant référence aux larges appuis dont bénéficie «Lula».

«La preuve a résisté à la critique, à la confrontation et au contrepoint», a dit le juge Victor dos Santos Laus.

En tête des intentions de vote

Malgré ses démêlés judiciaires — il a déjà été condamné dans un dossier et fait face à des accusations dans six autres —, l’ancien syndicaliste âgé de 72 ans domine les intentions de vote en vue du scrutin d’octobre.

Les autorités ont fermé les rues entourant le tribunal à Porto Alegre, mercredi, avant le début de l’audience. Des hélicoptères bourdonnaient dans le ciel, des policiers à cheval patrouillaient dans les rues et des tireurs d’élite étaient postés sur les toits. Des milliers de partisans du «président des pauvres» et un petit nombre d’opposants étaient rassemblés dans les rues de Porto Alegre dans l’attente de la décision de la cour.

Le procès en appel est lié à un appartement en bord de mer à Guaruja, dans l’État de Sao Paulo. Les procureurs ont fait valoir que «Lula» s’était fait promettre cet appartement, propriété de l’entreprise de construction OAS, en échange de contrats.

L’ancien président et ses avocats ont affirmé de leur côté que cette affaire défiait toute logique puisque l’accusé n’a jamais possédé l’appartement en question.

Dans un Brésil hautement divisé, cette affaire s’inscrit dans un débat plus large, et les partisans comme les opposants de «Lula» ont leur propre interprétation du dossier. L’ancien président et ceux qui l’appuient affirment que les accusations de corruption portées contre lui visent à l’empêcher de revenir au pouvoir. Ils estiment que «Lula» est victime d’une conspiration de l’élite brésilienne, qui ne veut pas d’un président qui se consacre aux pauvres.

Les opposants croient de leur côté que pendant que «Lula» et son Parti des travailleurs dirigeaient le pays, de 2003 à 2010, un vaste complot de corruption a permis de siphonner des milliards de la société pétrolière publique Petrobras et poussé la plus grande économie d’Amérique latine dans sa pire récession depuis des décennies.

Selon la loi brésilienne, une personne dont le dossier criminel est confirmé en appel ne peut être candidate aux élections. Luiz Inacio Lula da Silva pourra tout de même faire appel de sa condamnation devant une juridiction supérieure. La décision finale d’autoriser une candidature à la présidentielle revient toutefois au Tribunal électoral suprême.

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