Début d’une consultation controversée sur le nouvel aéroport de Mexico
Une consultation publique controversée sur la poursuite ou l’arrêt de la construction d’un aéroport de Mexico a débuté jeudi au Mexique, lancée par le président-élu Andres Manuel Lopez Obrador.
Durant sa campagne, Lopez Obrador, 64 ans, a critiqué le chantier de construction de ce méga-aéroport, pour son coût élevé — estimé à plus de 13 milliards de dollars — son impact environnemental et pour de supposés faits de corruption dans l’attribution des contrats.
«On parle de milliards de pesos, on parle d’actes de corruption qui peuvent être évités», a justifié celui qu’on surnomme AMLO, avant de voter dans la capitale en début de matinée, au milieu d’une cohue de journalistes. Pour désengorger l’actuel aéroport international – saturé de longue date – le président-élu milite pour l’aménagement d’une base aérienne militaire au sud de la capitale.
Le magnat mexicain des télécommunications Carlos Slim — principal investisseur du nouvel aéroport — et de nombreux entrepreneurs ont durement critiqué la position de Lopez Obrador, qui a obtenu une très large victoire à la présidentielle de juillet. Sa décision de soumettre au vote un dossier aussi technique et impliquant la sécurité aérienne a aussi été largement critiquée.
Les organisations spécialisées en aviation, comme l’américaine Mitre ou l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) des Nations unies, soutiennent la poursuite du chantier en cours, sur l’ancien lac de Texcoco, dans la banlieue de la capitale.
Les Mexicains doivent répondre à la question suivante: «Sachant la saturation de l’aéroport international de Mexico, quel option considérez vous la meilleure pour le pays?». Deux choix sont proposés: Santa Lucia, qui nécessiterait également le réaménagement de l’aéroport actuel de Mexico ainsi que celui de la ville voisine de Toluca; ou la poursuite du chantier du nouvel aéroport et l’abandon de l’aéroport actuel.
«Ce que décide le peuple sera soutenu par le gouvernement», a prévenu Lopez Obrador, assurant que les contrats seraient honorés en cas d’arrêt du chantier, ce qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires et au versement d’indemnités colossales.
Selon différents instituts de sondage, 55% des Mexicains interrogés souhaitent la poursuite du chantier. De nombreux analystes s’inquiètent du manque de rigueur de la consultation organisée par Lopez Obrador, qui se déroule à travers 1073 bureaux de vote.
Un journaliste de l’AFP a constaté jeudi à Mexico qu’il était possible de voter dans plusieurs bureaux successivement, suite à une panne du logiciel informatique qui devait centraliser l’identité des votants. La consultation doit durer quatre jours et les résultats annoncés dimanche dans la soirée.