Caravane de migrants: premières arrivées à la frontière des États-Unis
Plusieurs centaines de migrants de la caravane partie il y a un mois du Honduras ont atteint la frontière entre le Mexique et les États-Unis, pendant que des milliers d’autres progressaient mercredi vers le nord.
Des journalistes de l’AFP ont constaté que plusieurs groupes étaient arrivés à Tijuana, dans l’État mexicain de Basse Californie, une ville-frontière qui jouxte San Diego, en Californie.
Dans l’attente de l’arrivée de plusieurs milliers de migrants, les États-Unis ont de leur côté déployé des milliers de militaires à la frontière avec le Mexique, tandis que le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, devait dans ce contexte effectuer mercredi une visite à McAllen, au Texas.
Aux abords de Tijuana, les autorités américaines ont réduit les voies d’accès pour les automobiles et installé des barrières en ciment ainsi que des barbelés, tout comme aux postes-frontière de San Ysidro et d’Otay Mesa, qui mènent aussi en Californie.
Le 9 novembre, le président américain Donald Trump a signé un décret qui permet de rejeter automatiquement les demandes d’asile déposées par des personnes ayant traversé illégalement la frontière avec le Mexique pour tenter de dissuader les migrants de poursuivre leur route.
Une centaine de migrants sont parvenus dimanche à Tijuana et, mardi, 350 autres les ont rejoints.
Tous appartiennent à la caravane composée en majorité de Honduriens partie le 13 octobre de la ville de San Pedro Sula, dans le nord du Honduras.
Émus d’être enfin arrivés, courant sur la plage ou se baignant, certains passaient la tête entre les barreaux des hautes clôtures métalliques de la frontière, comme pour contempler leur rêve américain.
Pour la première fois depuis le début de leur périple, les migrants du reste de la caravane, qui traversent l’État de Sinaloa, dans l’ouest du Mexique, n’ont pas passé la nuit dans un campement.
Ils ont atteint mardi en fin de journée un vaste stationnement pour poids-lourds doté d’installations sanitaires et de l’électricité sur l’autoroute de La Concha, dans le sud de cet État, qui aurait pu leur servir de lieu de repos. Mais ils ont préféré poursuivre leur route. Prochaine étape, Navojoa, dans le vaste État de Sonora, frontalier des États-Unis.
«Nous voulons arriver dès que possible, le plus rapidement, cela fait plus d’un mois que nous avons quitté notre pays», a confié à l’AFP Saul Rivera, un Salvadorien de 40 ans, un des premiers à parvenir à La Concha et à monter dans un des autocars mis à disposition des migrants par un prêtre mexicain, Miguel Angel Soto.
Organisant la logistique avec la police locale, ce dernier, en bras de chemise et coiffé d’une casquette, précise que le trajet jusqu’à Navojoa, à plus de neuf heures de route, est «le plus long que les migrants font en autocar» depuis le départ de la caravane.
Selon lui, tous les migrants veulent rejoindre la ville de Tijuana. «Quand nous avons prononcé le nom de Tijuana, ils sont devenus euphoriques», raconte-t-il.
«Nous allons arriver plus tôt que nous le pensions», s’enthousiasme, en attendant de monter dans un autocar, Lilian Canales, une Hondurienne de 23 ans qui a porté son bébé sur les 2500km déjà parcourus par la caravane.
Le prêtre Miguel Angel Soto se montre toutefois pessimiste: «Ils sont déterminés, mais ils ne vont pas passer. Tijuana va être un cul-de-sac, où les gens ne sont pas prêts à accueillir autant de personnes».
En Amérique centrale, «la situation est très compliquée, il n’y a pas de travail (…) Ce que nous voulons, c’est du travail, nous ne voulons pas voler», explique Saul Rivera, qui a travaillé comme maçon et chauffeur au Salvador et a déjà tenté de traverser à dix reprises la frontière avec les États-Unis.
Selon les Nations unies, la caravane a compté jusqu’à 7000 migrants, mais nombre d’entre eux ont abandonné en route ou se sont détachés en petits groupes du cortège principal. Ils sont 6011 (dont 902 mineurs) à être parvenus à Guadalajara, dans l’État de Jalisco (ouest), selon des chiffres des autorités locales.
Outre des Honduriens, des ressortissants du Chili, de Colombie, de Costa Rica, du Salvador, du Guatemala, du Mexique, du Nicaragua, du Panama, du Pérou et du Venezuela se sont joints au cortège.
Deux autres caravanes, d’environ 2000 personnes chacune, ont également pris le chemin des États-Unis à partir de l’Amérique centrale.