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Hong Kong: manifestations, grève et blocage du métro plongent le territoire dans le chaos

Manifestation du 5 août 2019 à Hong Kong
Manifestation du 5 août 2019 à Hong Kong Photo: Vincent Thian/AP

Manifestations, grève générale et blocage du métro ont plongé lundi Hong Kong dans le chaos, les autorités accusant les manifestants de vouloir «détruire» le territoire semi-autonome et la vie de ses habitants.

Des gaz lacrymogènes ont été tirés lundi après-midi dans plusieurs quartiers de la mégapole contre des contestataires enhardis par l’impact de la grève générale, un événement rare, dans l’ex-colonie britannique.

La mégapole, qui traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 par Londres, a déjà vécu deux mois de manifestations de plus en plus souvent suivies d’affrontements entre de petits groupes radicaux et les forces anti-émeutes.

Après des échauffourées tout le week-end, des protestataires sont descendus lundi matin à l’heure de pointe dans plusieurs stations clés du réseau pour bloquer les portes des métros et empêcher les trains de partir.

Cette action coup de poing a eu pour effet de paralyser pendant plusieurs heures un réseau d’ordinaire d’une efficacité remarquable.

«Des perturbations aussi intensives (…) ont sérieusement sapé la loi et l’ordre à Hong Kong et poussent la ville au bord d’une situation très dangereuse», a dénoncé la cheffe de l’exécutif pro-Pékin, Carrie Lam, lors de sa première conférence de presse en plus de deux semaines.

Faisant référence à des slogans révolutionnaires, elle a présenté la contestation comme une atteinte à l’existence même de Hong Kong.

«J’ose affirmer que cela vise à renverser Hong Kong, à détruire complètement la précieuse vie de plus de sept millions de personnes», a-t-elle accusé en assurant que «le gouvernement sera ferme pour maintenir la loi et l’ordre et rétablir la confiance».

De son côté, le gouvernement chinois a annoncé une conférence de presse mardi.

«Un pays, deux systèmes»

En vertu du principe «Un pays, deux systèmes», Hong Kong jouit jusqu’en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s’inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord et accroître sa mainmise.

Alors qu’à l’heure de pointe, certaines rames peuvent embarquer toutes les deux minutes plus de 3500 personnes, d’immenses files d’attente se sont formées dans les couloirs et aux abords des stations.

Lundi après-midi, sept manifestations simultanées ont eu lieu, constituant un défi pour des forces de l’ordre, qui soumises à rude épreuve depuis deux mois, concentrent l’ire des manifestants. Des gaz lacrymogènes ont encore été utilisés dans au moins quatre endroits différents, notamment près du parlement local.

Les autorités ont annoncé avoir tiré plus d’un millier de grenades lacrymogènes et 160 balles en caoutchouc depuis le début de la contestation le 9 juin, et précisé que 420 personnes avaient été arrêtées et 139 policiers blessés jusqu’à présent.

Plus de 160 vols ont été en outre annulés à l’aéroport de Hong Kong, l’un des plus actifs au monde. Beaucoup d’entre eux étaient des vols de Cathay Pacific.

La compagnie hongkongaise n’a donné aucune justification à ces annulations, mais le syndicat de ses agents de bord a confirmé que certains se ses membres suivaient l’appel à la grève.

Plusieurs artères importrantes de la ville ont également été bloquées par des manifestants. De nombreuses enseignes n’ont pas ouvert leurs portes.

Le blocage des transports en commun a parfois donné lieu à des algarades entre protestataires et usagers en colère.

Circulaient aussi sur les réseaux sociaux des vidéos de scènes de tensions dont une, authentifiée par l’AFP, qui montrait un automobiliste forçant un barrage.

Mais beaucoup de Hongkongais disent soutenir une mobilisation née début juin du rejet d’un projet de loi qui devait permettre d’autoriser les extraditions vers la Chine.

Le texte a depuis été suspendu mais le mouvement s’est élargi à des revendications en matière de démocratie et à la dénonciation d’un recul des libertés à Hong Kong.

«Le mouvement continuera de s’étendre tant que le gouvernement n’aura pas répondu», a déclaré à l’AFP un fonctionnaire attendant que les métros reprennent.

Chose rarissime dans ce temple de la finance internationale – où les syndicats n’ont que peu d’influence – la grève générale a pour but de démontrer aux autorités chinoises que, deux mois après le début du mouvement, la contestation reste populaire.

«La grève politique semble très soutenue aujourd’hui, ce qui est aussi la conséquence de l’escalade dans les violences entre la police et les manifestants», a déclaré à l’AFP le politologue Dixon Wong.

Mais Mme Lam, dont les manifestants réclament la démission, sait qu’elle peut compter sur l’appui de Pékin, l’Armée populaire de libération (APL) ayant même proposé la semaine dernière ses services pour rétablir l’ordre.

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