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À Hong Kong, fuite spectaculaire de manifestants assiégés par la police

Fuite spectaculaire de manifestants assiégés par la police à Hong Kong
Des manifestants s'échappent du campus de l'Université polytechnique de Hong Kong Photo: Laurel Chor/Getty Images

Des dizaines de manifestants assiégés par la police de Hong Kong dans un campus ont réussi lundi soir à s’enfuir. Pékin a une fois de plus menacé d’intervenir pour régler la crise politique dans le territoire autonome du sud de la Chine.

Retranchés dans l’Université polytechnique (PolyU), actuel bastion de la contestation, ces protestataires sont descendus en rappel d’une passerelle, puis ont été récupérés sur une route en contrebas par des personnes à moto.

Cette fuite spectaculaire intervient alors que la police menace désormais d’utiliser des «balles réelles» face aux «armes létales» des manifestants radicaux — qui ont jeté briques et cocktails Molotov contre les forces de l’ordre.

Il était impossible de savoir dans l’immédiat combien de protestataires restaient sur le campus.

La mobilisation en cours dans l’ex-colonie britannique depuis plus de cinq mois a basculé la semaine dernière dans une phase beaucoup plus radicale et violente, qui a entraîné notamment la fermeture des écoles.

L’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, s’est refusé à accéder aux revendications des manifestants. Ceux-ci demandent notamment l’avènement du suffrage universel dans la mégapole de 7,5 millions d’habitants, et une enquête sur ce qu’ils présentent comme des violences policières.

La Chine a maintes fois averti qu’elle ne tolérerait pas la dissidence, et l’inquiétude monte face à l’éventualité d’une intervention pour mettre fin à la crise.

Des soldats de l’armée chinoise, présents à Hong Kong depuis la rétrocession de l’ex-colonie en 1997, sont sortis ce weekend de leur caserne pour déblayer certaines rues de leurs barricades. Une apparition rarissime qui a encore alimenté l’hypothèse d’une opération militaire.

Et l’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni a donné lundi du crédit supplémentaire à cette option.

«Le gouvernement de Hong Kong fait tout son possible pour reprendre le contrôle de la situation», a déclaré Liu Xiaoming lors d’une conférence de presse.

«Mais si elle devenait incontrôlable, le gouvernement central ne restera certainement pas les bras croisés. Nous avons la résolution et le pouvoir suffisants pour mettre fin aux troubles».

Plus tôt lundi, la police avait arrêté des dizaines de manifestants aux abords du campus — frappant certains d’entre eux avec des matraques alors qu’ils étaient au sol.

«À part sortir et se rendre, je ne vois pas d’autre option envisageable pour eux», avait déclaré Cheuk Hau-yip, un commandant de la police, quelques heures avant l’évasion spectaculaire de manifestants.

La police a qualifié le campus de «zone d’émeute». Or la participation à une émeute est passible de 10 ans de prison.

La contestation était montée d’un cran lundi dernier à Hong Kong avec une nouvelle stratégie baptisée «Éclore partout» («Blossom Everywhere»), qui consiste à multiplier les actions — blocages, affrontements, vandalisme — pour éprouver au maximum les capacités de la police.

Conséquence: un blocage quasi-général des transports en commun la semaine dernière pendant cinq jours. Lundi, les écoles n’ont pas rouvert.

Cette stratégie a eu pour effet d’ancrer la contestation dans plusieurs lieux comme les campus, alors que les manifestants préconisaient au cours des mois précédents d’être insaisissables et fluides «comme l’eau».

Et cette nouvelle phase a été marquée par une aggravation de la violence des deux camps, comme l’ont montré les images d’un policier blessé à la jambe dimanche par une flèche tirée par un manifestant près de la PolyU.

La police dit avoir tiré lundi trois balles près du campus, en précisant que personne n’avait été blessé. Les forces de l’ordre ne se sont servis que lors d’incidents isolés de leur arme de service, sans faire de mort.

Face aux groupes de protestataires jetant briques et cocktails Molotov, la police a privilégié l’usage de lacrymogènes, balles en caoutchouc ou canons à eau.

Lundi, une jeune femme de 19 ans se faisant appeler «K» faisait part du désespoir des manifestants retranchés dans la PolyU.

«Certains pleuraient, certains étaient furieux (…), parce qu’ils n’ont pas d’issue car il n’est plus possible de sortir du campus», a-t-elle témoigné.

À quelques centaines de mètres de l’université, la police a aussi tiré des lacrymogènes pour disperser des manifestants qui ont érigé des barricades.

Les protestataires entendent poursuivre les blocages pour «étrangler l’économie» d’un des principaux centres financiers de la planète, désormais en récession.

Victoire très symbolique pour les manifestants, la Haute cour a jugé lundi anticonstitutionnelle l’interdiction du port du masque qui avait été décidée par le gouvernement pour désamorcer la contestation.

Le président Xi Jinping a adressé la semaine dernière sa mise en garde la plus claire à ce jour, affirmant que la contestation menaçait le principe «Un pays, deux systèmes» qui a présidé à la rétrocession en 1997.

Un porte-parole du ministre chinois de la Défense, Wu Qian, a estimé lundi que «mettre fin aux violences et restaurer l’ordre est la tâche la plus urgente à Hong Kong».

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