L’administration Trump a débloqué une aide militaire au Liban gelée depuis l’été
Le gouvernement de Donald Trump a débloqué une aide militaire de 105 M$ gelée sans explication depuis l’été dernier, a-t-on appris lundi de sources parlementaire et gouvernementale.
«L’argent est débloqué», a dit à des journalistes un haut responsable du département d’État américain qui a requis l’anonymat.
Le feu vert, auparavant confirmé à l’AFP par un conseiller parlementaire également sous couvert de l’anonymat, s’est fait très discrètement.
Aussi discrètement que cette aide, pourtant déjà approuvée par le Congrès et dont l’octroi faisait l’objet d’un consensus parmi les diplomates et les militaires américains, avait été suspendue par la Maison-Blanche sans jamais fournir d’explication.
Le département d’État avait fini par évoquer en novembre ce gel, sans en dire davantage. Interrogé la semaine dernière, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait refusé d’en parler, tandis que son adjoint pour le Moyen-Orient, David Schenker, avait assuré que le réexamen de l’octroi de l’aide voulu par la présidence était toujours en cours.
Washington avait toutefois assuré que les équipements, armements ou munitions promis à l’armée libanaise n’avaient subi aucun retard du fait de cette décision.
«Il y avait quelques désaccords au sujet de l’efficacité de l’aide américaine aux forces armées libanaises», s’est borné à dire lundi le haut responsable du département d’État. Il a toutefois personnellement fait l’éloge de cette «institution» qui «défend les frontières du Liban» et «est un excellent partenaire des États-Unis dans le contreterrorisme et la lutte contres les jihadistes islamistes sunnites».
Selon lui, l’armée libanaise a encore fait la démonstration «impressionnante» de sa solidité en «protégeant les manifestants contre la violence» lors de la contestation en cours dans le pays contre la classe politique.
L’administration américaine apporte traditionnellement son soutien à l’armée libanaise, considérée comme l’institution la plus stable du pays, notamment pour tenter d’isoler le mouvement chiite Hezbollah, allié de Téhéran et considéré par Washington comme une organisation terroriste, mais qui siège au sein du gouvernement à Beyrouth.
Le gel de l’aide a été décidé avant l’actuelle crise politique qui, sous la pression des manifestations anticorruption, a vu la démission du premier ministre libanais Saad Hariri, un allié des Occidentaux.
Deux élus démocrates, dans une récente lettre à la Maison-Blanche, avaient rapporté que ce «gel inexpliqué» concernait 105 M$ d’aide au Liban comprenant des véhicules militaires, des armes et des munitions.
Une armée libanaise «plus efficace est clairement dans l’intérêt des États-Unis et du Liban», avaient écrit Eliot Engel, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, et Ted Deutch, à la tête de sa sous-commission pour le Moyen-Orient. Ils avaient souligné les «menaces imminentes» auxquelles est confronté Beyrouth, d’une «résurgence» des groupes jihadistes État islamique et Al-Qaïda à un Hezbollah «toujours plus fort».