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Israël: 500 jours, trois élections et un gouvernement pour «l’annexion»

Netanyahu et Gantz s’entendent enfin sur un gouvernement d’union
Benjamin Netanyahou et Benny Gantz Photo: Oded Balilty et Jack Guez/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Après 500 jours de crise en Israël et trois élections sans K.-O, le gouvernement d’union de Benjamin Netanyahou et Benny Gantz doit prêter serment dimanche après des tractations de dernière minute et avec au programme l’annexion de colonies juives en Cisjordanie occupée.

Jeudi, les témoins étaient prêts mais les nouveaux mariés politiques ne se sont pas présentés à la cérémonie prévue à la Knesset, le Parlement. En cause: du rififi dans le camp de «Bibi», surnom du premier ministre Benjamin Netanyahu.

La cérémonie a été reportée à dimanche pour permettre au camp du premier ministre de distribuer ses portefeuilles avec des discussions sur ce sujet jusqu’en matinée.

«La population veut un gouvernement d’union et c’est ce qu’elle aura aujourd’hui», a assuré M. Netanyahou, avant un vote de confiance sur le gouvernement prévu un peu plus tard cet après-midi et dont l’issue semble acquise car avec leurs alliés, MM. Gantz et Netanyahu disposent d’une majorité de sièges. Les ministres devront ensuite prêter serment.

«Union et d’urgence»

L’accord entre le Likoud (droite) de M. Netanyahou et la formation centriste «Bleu-Blanc» de son ex-rival électoral Benny Gantz prévoit un partage équitable des ministères et permet à chaque camp de redistribuer des postes à leurs alliés politiques, ce qui a causé un problème de congestion pour le Likoud qui a obtenu le plus de sièges aux dernières élections et compte sur le soutien d’élus de la droite radicale et de partis ultra-orthodoxes.

Et avec à terme un total de 36 ministres, ce gouvernement sera le plus large gouvernement de l’histoire du pays, un paradoxe en pleine crise économique liée à la pandémie, déplorent une partie de la presse israélienne.

D’après les termes de l’accord, M. Netanyahou restera premier ministre pendant 18 mois avant de céder sa place pour une période équivalente à Benny Gantz.

Ce gouvernement «d’union et d’urgence» avait été promis en particulier pour défendre Israël face à la pandémie de nouveau coronavirus qui a contaminé plus de 16 500 personnes, incluant 268 décès, selon les données officielles.

Le pays d’environ neuf millions d’habitants a commencé le déconfinement en rouvrant la majorité des commerces et des écoles, tout en maintenant l’obligation du port du masque sanitaire.

Comme ailleurs, le défi est double: remettre sur les rails une économie qui a vu son taux de chômage technique bondir de 3,4% à 27% en raison de la crise, tout en évitant une seconde vague de contamination.

Le «temps» de l’annexion?

Aussi, ou surtout, le gouvernement Netanyahou/Gantz doit se pencher sur l’application du projet américain pour le Proche-Orient qui prévoit notamment l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies juives en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.

«Ces territoires sont là où le peuple juif est né et a grandi. Il est temps (…) d’écrire un nouveau chapitre glorieux dans l’histoire du sionisme», a déclaré devant les parlementaires M. Netanyahou, utilisant son langage habituel pour évoquer l’annexion des colonies.

Au cours de la dernière décennie, la population des colonies juives en Cisjordanie, territoire nommé Judée-Samarie par l’État hébreu, a bondi de 50% pour dépasser les 450 000 habitants vivant en parallèle et parfois sous tensions avec plus de 2,7 millions de Palestiniens.

«Les centaines de milliers de résidents de Judée-Samarie resteront toujours chez eux (…) Ce geste ne nous éloignera pas de la paix, il nous en rapprochera», a assuré M. Netanyahou disant avoir discuté de ce dossier hyper sensible avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors de sa visite à Jérusalem mercredi.

Les Palestiniens et la Jordanie voisine ont, eux, déjà mis en garde contre les conséquences d’un tel projet. La plupart des pays de l’Union européenne veulent aussi convaincre Israël d’y renoncer pour éviter de devoir sanctionner ce pays.

«Si Israël annexe réellement (des pans de) la Cisjordanie en juillet, cela conduira à un conflit majeur avec le royaume jordanien», a prévenu le roi Abdallah II dans un entretien au magazine allemand Der Spiegel.

Le gouvernement doit présenter à partir du 1er juillet sa stratégie sur ce dossier. D’ici là, Israël pourrait connaître un nouveau feuilleton, judiciaire celui-là, avec l’ouverture prévue du procès de Benjamin Netanyahu.

Le plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire d’Israël doit devenir aussi le 24 mai le premier à être jugé pour corruption au cours de son mandat, à moins que l’audience ne soit aussi reportée.

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