Mettre une croix sur l’enfance

Ils les violent, les abusent, les massacrent, les empoisonnent. Les Intouchables d’Erik Ravelo sont de passage à Montréal pour dénoncer les crapuleries de grandes personnes qui font taire, souvent impunément, le rire innocent des enfants.

Pour la Journée internationale consacrée aux droits de l’enfant, le Mouvement art populaire (MAP), qui cherche à démocratiser l’art en l’exposant dans la ville, offre aux Montréalais l’occasion de voir les œuvres de l’artiste de génie déniché par Benetton Erik Ravelo. Ce dernier est le créateur des langoureux baisers qui ont unis, l’instant de la campagne Unhate, les plus antagonistes des puissants de ce monde, laissant espérer que la paix puisse être possible grâce à de simples bisous bien placés.

Ravelo poursuit son œuvre profondément pacifiste avec Les Intouchables, une série de photos montrant des enfants crucifiés sur les bras tendus de leurs bourreaux. La lourde croix portée par les mousses sera un curé, un soldat, un touriste, le clown d’une grande chaîne de malbouffe. Tous, selon Erik Ravelo, sont des représentants d’une «société moderne» dévoreuse d’enfants.

«C’est le grand cri de douleur des enfants bafoués dans le monde que j’ai voulu exprimer. Les enfants sont les premières victimes des guerres, des déviances des adultes ou de la quête irraisonnée du profit.»

Les sept photos, qui sont exposées à la maison de la culture Maisonneuve et sous les parois du viaduc de la rue Berri, véhiculent une vision sacrée de l’enfance à laquelle tous devraient avoir droit.

«Il y a une hypocrisie sociale face aux violations que subissent les enfants. L’Église catholique, par exemple, devrait expulsée les prêtres pédophiles qui prêchent le message d’amour de Jésus tout en commettant l’acte le plus barbare sur des enfants, plutôt que de nier l’existence du problème et fermer les yeux.»

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Et pour ceux et celles qui seraient choqués par votre art, M. Ravelo?
«Ce n’est pas moi le problème, c’est ce qui est représenté dans mes œuvres. Tant de choses se déroulent chaque jour dans le monde, je veux que mes œuvres illuminent ce qui, sans elles, retomberait dans l’oubli. Les enfants, eux, n’oublient pas les vices qu’ils subissent; c’est une croix qu’ils porteront toujours.»

L’amnésie est impossible et la prise de conscience, un devoir au Canada, pays d’origine de milliers de touristes sexuels qui sévissent auprès des enfants du Mexique, de République dominicaine ou de Cuba, l’île natale d’Erik Ravelo.

Les Intouchables
Exposition d’Erik Ravelo, jusqu’au 15 décembre à la maison de la culture Maisonneuve et sous le viaduc Berri